J'ai failli être zen hier matin

Je voulais raconter cette histoire comme un épisode de BREF. Mais plein d'autres blogs l'ont déjà fait et puis la série originale est tellement chouette que j'ai peur de me lancer. Bref. 

Hier matin, je monte dans ma voiture et au bout de 5 kilomètres, le voyant de la jauge m'indique de toute sa rougeur fâchée qu'il faut que je fasse le plein.

J'ai quarante bornes à faire, ma réserve est vaste, c'est pas ça la question, juste j'aime pas avoir à faire le plein le matin... Ni le soir d'ailleurs. J'essaye que Crapaud-poilu soit avec moi et c'est lui qui s'y colle d'habitude. Pas là.

J'arrive à la station service du petit bled le plus proche de mon boulot. Deux pompes, une caisse. Les deux pompes sont prises, y'a un camion qui livre et qui gêne un peu le passage de celle de gauche, je prends celle de droite. Y'a un type avant moi qui finit son plein et qui met un temps infini à faire je ne sais pas quoi mais ça prend un temps de malade. Dégage, putain, c'est pas comme si je devais aller bosser. Déjà, je commence à me réveiller grognon (jusque là, je dors encore, ma voiture fait la route toute seule).

Je sors de la voiture en faisant attention parce qu'il y a une espèce de trottoir haut où tu bignoles ta portière en moins de deux.  Ah, tiens, le réservoir a disparu. Ah, non, c'est qu'il est de l'autre côté. Non, ce n'est pas une nouvelle voiture. Oui, je fais le plein tous les dix jours. J'ouvre le réservoir, je refais le tour, j'attrape le pistolet, le tuyau avec l'autre main et je tire gaiement. Tchak. Trop court. Forcément, j'ai pas avancé beaucoup, puisque je ne me souvenais plus que le réservoir était de ce côté. Sa race.

Je laisse le réservoir ouvert, avec la clé de contact dessus. Je fais le tour, je raccroche le pistolet, je me dis que je vais faire avancer la voiture en desserrant le frein à main, c'est un tout petit peu légèrement à peine en pente. Ça bouge pas. Je mets des petits coups de bassin vers l'avant, en me dandinant pour essayer de lui faire bouger son gros cul. Ça bouge pas. Je peux pas mettre le contact puisque les clés sont.... sur le réservoir.

Je ressors de la caisse en faisant attention au fucking trottoir, je refais le tour de la voiture, je ferme le réservoir, je reprends les clés, je refais le tour, je démarre, j'avance de trente centimètres. Je refais le tour, je rouvre ce putain de réservoir, je vais chercher le pistolet, je fais le plein.

Ben couillon, on n'a jamais failli y arriver. Le type d'à côté ne conserve pas longtemps son air narquois quand il voit mon oeil assassin. Je redémarre d'un air rageur, je coince la ceinture, dont l'enrouleur est un peu féblard, dans la portière, je la rouvre sans faire attention, parce que ça commence un tout petit à me chauffer tout ça. Je cogne la portière dans le trottoir. Je jure. Beaucoup. 

J'avance vers la caisse, je pile devant, j'ouvre ma fenêtre et tends ma carte bleue. La dame dans sa guérite est environ à 1 mètre 50 du bout de mes doigts. Comment dire ?... Ça bout dans mon intérieur de moi-même. Je fais un sourire, je sors, j'inspire, je donne ma carte et là, au moment de composer mon code, je vois le montant : 71.71 €. Un chiffre à présage. Je me dis que vu tout ce qui vient de se passer, je suis pas certaine qu'il soit happy shiny day le présage. Il me reste 7 minutes 30 pour être au bureau, je peux pas rouler à toute blinde, y'a du brouillard. Je peux te dire que quand la journée commence comme ça, t'as beau faire, t'as beau dire, avant de voir un arc-en-ciel mettre des couleurs dans ta vie, il va s'écouler quelques minutes.

J'étais à deux doigts d'être zen, ça aurait été dommage.