Je me suis gratté le morpion

Je ne suis pas très joueuse dans la vie, je n'aime pas trop le risque. En gros, je ne parie que quand je suis sûre de gagner. Sûre à 1000%, ce qui ne m'empêche pas de perdre parfois. Je ne joue au Loto que lorsqu'il y a des cagnottes à whatmillions d'euros et une fois sur deux, il faut que le buraliste me ré-explique le coup des numéros plus et du joker de mes fesses, parce que j'y comprends rien.

Ah si, parfois, je prends des trucs à gratter les vendredis treize, après avoir fait la queue derrière vingt personnes hagardes et rêveuses devant l'argent qu'elles ne gagneront jamais.

Je vais au Casino, allez, une fois par an, pour jouer dans les machines à sous. Je tournicote avec mon pot de pièces de vingt centimes (je joue vingt euros max, en petites pièces pour que ça dure plus longtemps). Je ne tournicote pas pour faire une étude scientifique sur le potentiel de telle ou telle machine qui a craché plein de pièces ou pas, je cherche simplement la machine la moins compliquée possible. Pas facile parce qu'aujourd'hui, dans les salles de machines à sous des Casinos, j'ai l'impression d'être devant des rangées de jeux vidéo où je capte que dalle. Y'a des niveaux, des thématiques, faut garder des images, en renlever d'autres, le temps que je comprenne comment ça marche, j'ai bouffé la moitié de la mise. Non, j'en cherche une "à l'ancienne", une où t'as seulement 5 trucs qui tournent et où si t'as les trèfles alignés, ben ding ding ding, t'as gagné. Et si possible avec un manche qu'on tire, comme un vrai bandit manchot, et pas un bête bouton qui clignote sur lequel tu appuies comme un zombie. Il est où le bonheur de jouer si c'est juste cliquer ? Tu n'as presque plus conscience de ton acte...

Comme je ne suis pas joueuse (je le répète), j'ai deux pots : le pot où j'ai ce que je mise (les vingt euros de tout à l'heure), et un pot où je mets ce que je gagne. Et JAMAIS, je ne rejoue ce que je gagne. Jamais, never, ever, no way. Sauf s'il n'y a qu'une pièce, mais là, ça voudrait vraiment dire que j'ai pas de chatte. Donc à ce point-là, on s'en fout de la dernière. Mais sinon, jamais.

J'ai eu la chance d'aller à Macao, AKA le Las Vegas asiatique, paradis du jeu donc, dans un hôtel avec un sous-sol complet de machines à sous, un bar à cocktails, des milliers de machines, des surveillants partout, des chinois qui passent la frontière pour venir dépenser leurs sous et une moquette... Bon sang, c'est pas dieu possible une moquette pareille. On en reparlera un jour, de la déco du Venetian Macao, un grand moment...  

Je ne me suis pas laissée emporter, même si le premier soir, j'ai gagné plein d'argent (l'équivalent de trente euros, c'est pour dire). Super contente mais un peu déçue parce que tu ne joues pas avec du vrai argent qui fait ding ding ding quand ça tombe. Tu vas à la caisse, tu donnes des sous et on te file un ticket avec un code barres. Comme un écobon chez Intermarché. Tu le passes dans le lecteur de la machine et ça te crédite. Et quand tu veux t'en aller, la machine te refile un ticket et basta. La loose, trop triste. Même pas le plaisir de laisser les pièces glisser entre ses doigts... J'y suis allée deux soirs de suite, l'ambiance était tellement étrange, si ça trouve jamais j'y retournerai, alors, fallait profiter. J'ai quand même un peu flippé quand à côté de moi, la machine juste à côté, y'avait un mec qui avait en "crédits" l'équivalent de 5000 euros... Dans une machine à sous. Et il continuait à jouer. Ça fout les jetons, non ? Jetons, jetons... y'a pas du putain de jeu de mots, là ? ;-)

Toujours est-il que prise d'une folie subite, j'ai acheté il y a une semaine un Morpion en même temps que Grazia. Je l'ai rangé dans mon porte-monnaie. Je l'ai pas gratté. Pourquoi ? Hop là, malheureux, tu t'rends pas compte, ne jamais gratter le Morpion le jour-même, il a horreur qu'on l'agresse. Si tu veux avoir la chance de gagner, il faut le laisser un peu se reposer, faire connaissance avec les autres occupants du porte-monnaie. Ce matin, en cherchant une pièce pour la machine à café, il m'a sauté dans la main. C'était un signe. Je l'ai gratté tout doucement, en commençant par le coin en bas à droite, tout doucement, pas trop vite, pour le découvrir sans lui faire peur. En pensant à chaque coup de coin d'ongle à mes vacances avec les gars à Noël, ailleurs (ligne des 1000 €), une nouvelle paire de bottes (ligne des 200 €), une manucure (ligne des 20 €), et pis pour les 6 €, c'était pas la peine.

J'ai perdu.