Quand je serai grande, je serai artiste

Quand je serai grande, je serai couturière, ou peintre, ou bricoleuse, ou infographiste, ou dessinatrice, ou musicienne.... Il serait grand temps que je m'y mette, mais à chaque fois que je dis "bon, je m'y mets", j'achète tout ce qu'il faut et... c'est là que les emmerdes commencent.

Ma nouvelle vocation artistique s'arrête presque instantanément quand je mesure l'étendue de mon incapacité à produire quelque chose de joli. Je ne parle même pas de qualité ou de complexité, non, juste autre chose que "moche". Par exemple, il y a quelques années, j'avais décidé de me lancer dans un truc dont j'ai oublié le nom, mais qui consiste à faire des tableaux soi-même, un peu abstrait, et en ajoutant dessus des petits brillants, des bouts de tissus, en utilisant des encres gonflantes ou qui forment des petits boudins, etc... Tu vois de quoi je parle ? 

C'est venu alors que je me baladais dans les rayons d'un magasin Cultura, dans l'espace Loisirs Créatifs. Un lieu de débauche assurément !! J'adorais déjà trainasser dans les rayons, tripoter les papiers, regarder les tubes de peintures, caresser les pinceaux, me dire "qu'est-ce que je pourrais faire avec tout ça ?" Ce jour-là, il y avait une dame charmante qui faisait une démonstration : elle avait pris trois petites toiles de 20 cm de côté et avait composé un tryptique japonisant, avec des serviettes en papier, du vernis-colle, trois galets et deux coups de pinceaux. J'ai adoré. Je me suis dit que ça avait l'air facile. J'en ai lâché pour... pas loin de 100 euros de matos divers.

A la maison, ben.... le problème est de trouver l'inspiration. Alors tu tournes et tu retournes tout, dans tous les sens, en disant, je pourrais faire comme ceci, ou peut-être comme cela. En réalité, tu te lances et... c'est moche.

Deux raisons : a) j'ai pas d'inspiration valable - b) je suis nulle en réalisation.

Pourtant je le sais pour le petit b) : je me souviens de ce jour terrible en quatrième quand Madame Kieffer, prof d'histoire-géo, avait exhibé à toute la classe mon fond de carte colorié (genre les densités démographiques en Europe), pour bien montrer ce qu'il NE fallait PAS faire. Trop de couleurs, trop criardes, trop appuyées, pas harmonieux. Trop la honte.

Toujours est-il que dans le tiroir du bureau, on peut trouver : des tubes de peintures en relief, des étoiles dorées, des petits papiers Decopatch pour recouvrir... des cadres photos, des boites ou des boites ou des boites (à part les boites, je sais pas trop quoi recouvrir), des pinceaux, du vernis-colle, des bouts de ficelles. Et aussi des bouts de verre et des coquillages trouvés sur la plage (pour faire des bijoux ?), des morceaux de bois flotté (pour faire.... une sculpture ?), des galets de verre (pour faire... ben j'en sais rien). Tiens, rien que d'en parler, ça me donne envie de m'y remettre. 

Voyons... et si je faisais une boite ? 

Ensuite est venu le temps (qui a dit "des rires et des chants" ? ;-) de la couture. Avec tous les bouts de fil et les bouts de tissu que je conserve, je me suis dis que je pourrais sûrement faire des trucs cools. Des trousses, des pochettes, des coussins, et puis tiens, pourquoi je me ferai pas une jupe ou un débardeur ? Oui mais là, j'ai pas assez de tissu. Alors je vais chez un marchand et rebelotte, je me balade entre les coupons, les rouleaux, la mercerie, je trouve ça beau mais j'ai autant de notions de couture que de natation synchronisée. Je choisis quand même un tissu qui me plait. La vendeuse me demande combien j'en veux. Ben... je sais pas, c'est pour me faire un débardeur. Soupir de la dame qui attrape son mètre ruban, me mesure et me parle dans une langue inconnue "si vous le prenez dans la hauteur, je vous mets deux largeurs et ça devrait aller". Ok. Vous avez du fil ? elle demande. Oui, oui (en fait non, mais c'est seulement au retour que je l'ai constaté). Arrivée à la maison, je prends un modèle d'un débardeur qui me va, je le pose sur le tissu. Je coupe autour, deux morceaux. J'essaye de les assembler. Inutile de te dire que c'était impossible car le tissu acheté était beaucoup moins élastique que le modèle et qu'une fois le devant et le dos épinglés sur les côtés, bien on pouvait juste y glisser une planche. Pas moi, donc.. Et comme je n'ai aucun sens pratique, je n'ai même pas pensé à le plier en deux pour ne pas avoir de couture sur les épaules. Je te rassure, je n'ai pas fait le constat toute seule, c'est quand j'ai appelé une copine au secours qu'elle me l'a dit. Grosse truffe.

En plus, j'ai pas de machine à coudre.

Lundi, j'ai reçu une carte de vœux sublimissime de simplicité, d'originalité, de gentillesse. Elle était réalisée par Catherine Lam, une artiste douée et adorable. Une toute petite charmante enveloppe faite avec du papier journal asiatique et des petits scotchs fleuris. A l'intérieur, un personnage à découper selon les pointillés et à poser sur le bureau. J'étais à la fois ravie et envieuse. Ravie qu'elle ait pensé à m'adresser ses voeux de cette manière, envieuse de ne pas avoir l'idée qui fait tilt pour les miens ! Et maintenant, si je fais pareil, je vais passer pour une copieuse. Sauf si je fais ça pour ma famille qui ne la connait pas. Et puis simplement l'enveloppe, parce que je serai incapable de dessiner le petit bonhomme. J'ai pas de journal chinois non plus. Tu crois que si je fais une enveloppe avec la page Régions de Sud Ouest, ça fera le même effet ?

Mes copines, celles qui sont super douées pour tout, elle vont se marrer en lisant ça : Stellablue, Céline de Martin et Lili et Marion de Tricoti-Tricota, et aussi Miss F. qui m'a sauvée avec mon débardeur.... Vous moquez pas les filles, ça me fait super suer de rien savoir faire avec mes mimines.

Ça bouillonne dedans moi toute cette créativité, je te jure, ça fait bloup bloup et ça demande qu'à sortir.

Ben, pète un coup, ça ira mieux.

La chose multicolore en haut est.... une boite. What else ? Qui sert à stocker tous mes souvenirs de voyages (billets, prospectus, tickets d'entrée au musée, cartes des restos, etc...). T'as le droit de la trouver moche. Mais tu le dis pas, je suis susceptible.