J'ai vécu la journée d'hier dans un état second, comme si j'existais à l'extérieur de moi-même... Mon cerveau a estimé que cette distance était nécessaire pour appréhender cette journée, et il a eu bien raison. Des fois, mon cerveau est futé.
Le matin, j'ai fait le ménage en grand, changé les draps, lavé par terre. Il me fallait ça, occuper mes mains pour ne pas penser, se concentrer sur l'embout de l'aspirateur, démonter la grille de la VMC pour la nettoyer, regarder le sol sécher, voir petit à petit disparaître les traces mouillées en formant un planisphère de continents étranges, dans une mer au savon noir.
Je n'ai pas déjeuné, ni le matin (je ne déjeune jamais, note bien), ni le midi. Incapable d'avaler quoi que ce soit. J'ai mis un temps fou à choisir mes vêtements. Il fallait que ce soit moi, mais que rien de ce que je porte ne puisse prêter à moquerie ou à regard insistant. Un jean, un pull, des boots. Basique, soft, mais dans lesquels je me sentais bien.
J'ai pris grand soin pour me maquiller, je voulais que mon visage soit parfait. Des yeux soulignés, mais pas trop, un teint frais, le tout pour masquer mon angoisse "sans effet plâtre", comme on dit dans les magazines.
Je suis partie au radar, bien en avance. Dans la voiture, j'entends une émission à la radio sur la vengeance. Je ne l'écoute pas.... Mon esprit divague, pense aux années passées, pense aux mois passés à attendre, à espérer, à être déçue, à cette épine dans le pied qui m'empêche d'avancer. Je me mords la langue à chacune de ces pensée noires, pour conjurer le sort. Je regrette de ne pas avoir pris du sel pour en jeter par-dessus mon épaule à chaque fois, c'est couillon, je viens d'acheter 1 kilo de gros sel de l'île de Ré, il aurait pu servir...
Je suis un peu en avance, ça me permet d'arriver la première. Il y a trois semaines, j'étais la dernière et lorsque j'étais arrivée, avec un peu de retard, il m'avait fusillée du regard en me dévisageant de la tête aux pieds. Il faut dire que cela faisait 8 mois qu'on ne s'était pas vus. On se parle au téléphone régulièrement, mais physiquement, on ne s'était pas vus depuis longtemps. Il n'a pas changé. Au fond de moi, j'espère qu'il trouve que j'ai changé... Même si pour moi, ça ne change justement rien. Je n'ai aucun regret.
Hier, c'est lui qui est arrivé en dernier, il m'a dit "Salut !" d'un air désinvolte, je crois qu'il avait été très surpris la fois précédente lorsque je m'étais approchée pour lui faire une bise. Peut-être était-ce une erreur mais après tout, je n'allais pas lui tendre la main, nous ne sommes pas des étrangers. Cela m'avait semblé un bon compromis, visiblement, ce n'était pas ça.
L'atmosphère tendue s'est petit à petit ramollie, nous écoutons attentivement toutes les clauses, les autres personnes présentes posent quelques questions, ils ont l'air décidés.
Au bout d'une heure quarante cinq, ça y est, nous paraphons les pages et apposons nos signatures. Je respire enfin. Je suis en apnée depuis trois semaines, vivant dans l'angoisse qu'ils ne changent tous d'avis, lui, les autres....
Tout à coup, mes poumons s'ouvrent et je prends une grande inspiration. C'est fait.
Nous sortons et je reste avec lui pour discuter un peu. Tellement de choses à régler encore. Tellement de détails à évoquer, peut-être encore des déchirements à venir, je suis épuisée. Il s'approche pour me dire au-revoir et me fait une bise. Ah ? Bien.
Je remonte dans ma voiture et j'envoie des textos, plein de textos, à mes parents dont j'imagine le soulagement immense, à Crapaud-poilu, à mes copines. Mon téléphone vibre, je conduis à nouveau au radar, j'ai la migraine, je suis épuisée, tellement fatiguée. Trop d'émotion, trop d'attente, le soulagement, la montagne qu'il me faut encore gravir.
C'était la première étape, elle a été longue.
Quinze mois.
La prochaine, nous avons deux mois pour la franchir. La suivante ne dépendra pas de nous, mais de l'engorgement des tribunaux. J'espère que cela ira vite, j'en ai marre.
Je rentre, je me pose sur le canapé, enroulée dans un gros gilet. Il fait bon mais je suis frigorifiée. Bientôt, dans quelques mois, tout sera fini. Vraiment fini. Je souris.
Hier, nous avons signé le compromis de vente de notre maison.
Félicitations ! (on peut dire ça pour un truc comme ça ?) Paie toi une petite Clémentine en écoutant le générique de Dora, tu vas voir, ça détend...
RépondreSupprimerJe sais pas si on peut dire ça, mais je prends !
SupprimerPour le reste, je vais plutôt aller taper sur mon surdo et boire des bières. ;-)
J'ai cru tout du long que c'était le divorce, justement, que vous aviez signé. Cela dit, en quelque sorte, c'en est un.
RépondreSupprimerY-a-t'il beaucoup de clauses suspensives, dans le compromis ?
Je te souhaite du fond du cœur que ça aille au bout, et je comprends ton soulagement. Ce sera (encore) un nouveau départ !
(je vois qu'on a bien bien mis nos doigts où il faut, tous en coeur - ça devait faire une drôle de guirlande, tiens !)
Vos doigts étaient parfaits.
SupprimerOui, quelques clauses mais rien de méchant (faut juste qu'ils aient de l'argent) (une sacrée clause tout de même)...
Le divorce viendra plus tard, encore quelques mois...
J'avais oublié la maison ! Pourtant je savais l'importance pour toi ...
RépondreSupprimerJ'ai cru à une promo boulot ou quelque chose comme ça. Tout faux.
Bon, on va quand même continuer à croiser les doigts jusqu'au notaire (chuis superstitieuse).
Tu tiens le bon bout vers la liberté !
Moi aussi suis superstitieuse, même si Smouik dit que ça ne sert à rien et que ça attire le mauvais sort...
SupprimerAH OUI ! Félicitations !
RépondreSupprimerXD
SupprimerIl n'y a rien de pire que ces démarches à rallonge qui étire la douleur sur des lustres !
RépondreSupprimerOn croise les doigts pour toi !
C'est très jolie comme formule, oui, c'est ça, ça étire la douleur.
Supprimerj'aurais tendance à dire que la maison, c'est le plus gros morceau. Ça devient un véritable boulet quand on n'arrive pas à vendre, source d'insomnies et de stress. Vendre, c'est aussi récupérer des sous, et on a beau dire, ce n'est pas négligeable. Pour le reste, si ça se passe à peu près bien entre vous, c'est une question de temps. Je ne nie pas le soulagement de la concrétisation aboutie d'une séparation mais on ne maîtrise pas le délai. Je trouve assez positif le fait qu'il te fasse la bise en partant, ce qui prouve bien que notre propre attitude génère forcément des effets. Mais ces étapes peuvent aussi se préparer pour qu'elles se passent bien, sans pour autant se vouer aux saints que l'on vénère (ou pas...). Si tu as besoin pour la prochaine, n'hésite pas, je suis ton homme, enfin non, ta femme, enfin non, ton Smouik...
RépondreSupprimer"Le plus gros morceau", c'est ce qu'a dit mon père aussi. Et je pense que vous avez raison.
SupprimerMerci mon Smouik, je prendrai ton coaching avec grand plaisir, le temps venu.
Ouf !!! Allez, ça va bien se passer... Tu tien sle bon bout et tu vas récupérer des sous...
RépondreSupprimerDes sous et de la liberté, surtout.
SupprimerMoi aussi j'ai pensé au divorce jusqu'à la fin.. c'est une bonne chose aussi.
RépondreSupprimerC'était surtout l'étape obligatoire. Pas de maison vendue, pas de divorce entamé, c'était le deal...
SupprimerTu décris ces sentiments avec tant de justesse. Tu es un écrivain. D'ailleurs, je lis ta vie comme un roman. Courage pour la suite.
RépondreSupprimerOuh la la, c'est beaucoup trop tout ça tu sais...
SupprimerJe ne suis pas écrivain, je suis une exhibitionniste auto-centrée sur son nombril, ça n'a rien à voir !
Mais je te fais un bisou pour avoir écrit quelque chose d'aussi joli...
Comme je le dis souvent après un truc dur à avaler : "Voilà, ça c'est fait!!!" Un poids en moins sur l'estomac. Bon courage pour la suite.
RépondreSupprimerOui, un poids certain en moins.
SupprimerTu crois que je vais pouvoir changer de taille de jean ? ;-)
C'est un parcours de combattant que je ne connais pas. J'ai les mêmes réactions physiques face aux émotions trop fortes (le froid ressenti notamment) et je te souhaite Plein de chaleur.
RépondreSupprimerMais tant mieux si tu ne le connais pas !
SupprimerHier, j'ai mis mon gilet londonien en fausse fourrure, c'était doux et chaud.
Ouf!! On croise les doigts!! Tu sais quoi ? J'ai tout de suite pensé : " j'espère qu'il l'a vue à la télé et qu'il a été comme nous impressionné " et méchamment je me suis dit : not for you anymore my boy!!!
RépondreSupprimerBen moi j'espère qu'il ne m'a pas vue. Franchement, j'ai pas envie qu'il dégoise à tous nos amis plein de choses pas cool et que ces choses gênent nos amis.
SupprimerJ'ai pas envie.
Des étapes qui se franchissent. Comme autant de portes claquées à la gueule de ce passé qui t'a rendue triste et qui ne te convenait plus. C'est aussi pleins de portes qui s'ouvrent vers un bel avenir : celui que tu auras choisit et non plus subit.
RépondreSupprimerDes bises!
Mon avenir semble plus radieux maintenant. Et le soleil qui l'éclaire est un Amour...
SupprimerIls sont magnifiques ces articles sur le passage de ton ancienne vie à la nouvelle. Je me rappelle de tous, celui sur tes cartons, "le premier jour du reste de ma vie", tes premiers pas en peinture qui voulaient tellement dire. J'ai l'impression que c'était il y a très longtemps et hier en meme temps. Vivement que tu puisses clore tous les chapitres !
RépondreSupprimerMerci, comme c'est gentil. J'aimerais savoir aussi bien faire passer la drôlerie que le chagrin... ;-)
SupprimerPour l'avoir vécu, je sais que même lorsqu'on l'a voulu, ce sont des moments très durs à vivre !... alors je t'envoie plein d'ondes positives !...
RépondreSupprimerJe n'ai malheureusement pas la chance de te connaître " en vrai " et je suis jalouse de celles qui t'ont déjà rencontrée !...un jour , peut-être que ce sera moi sur la photo à côté de toi ! ... ;-)
Quand la fille de mon 2 ème mari nous a appris qu'elle jouait du surdo, j'ai fait la fière en disant que je connaissais une femme qui en jouait ; elle m'a posé plein de questions ( et c'est quel groupe, quelle ville ?...etc...) et là, elle me dit que cet été, ses vacances au Portugal, c'était avec Domi qui joue dans ton groupe !!!...rien que çà !...et moi, j'ai dû dire : oui, mais en fait, je ne la connais pas en " vrai " ... je vais sur son blog ....voilàààààà !...
Bisous
Nan mais le truc de dingue !!!
SupprimerDomi, c'est ma coach en vide-greniers ;-) Du coup, je vais lui dire ce soir qu'elle est une célébrité, elle va a-do-rer. C'est quoi le prénom de ta fille ?
Elle s'appelle Julia et habite à Nantes !...
SupprimerJulia qui bricole les bijoux et fait des jolis objets avec des bijoux cassés ? ;-) Domi m'a parlé d'elle ! Et elle me dit de te dire qu'elle la verra bientôt à Nantes ;-)
SupprimerAh bah tu vois, çà je ne sais pas !?... en tous cas elle est née à Pont-à-Mousson !... et moi j'espère que ,l'on pourra se rencontrer quand tu viendras à Metz !?... ;-)
SupprimerAvec grand plaisir !
SupprimerComme je suis contente pour toi ! J'avais bien compris dès le début de quoi tu parlais ! ;) (mais nous on a causé en vrai -ok il y a quelques temps, mais m'en souviens-)
RépondreSupprimerQuel soulagement ! on peut donc sortir nos doigts ! :D
Je crois encore jusqu'à la fin ! Ce sont des étapes nécessaires, mais dont on se passerait bien !
C'est "marrant", j'ai jamais jamais fait la bise à mon ex mari.... Bon, maintenant, on ne se voit plus du tout du tout (depuis que je revis avec quelqu'un, en fait ! ;) ) ça simplifie le truc !
Bisous ! <3
Ben écoute, je ne savais pas vraiment quelle attitude adopter, je ne suis pas certaine que c'était la meilleure, on verra la prochaine fois ...
SupprimercroisE !
RépondreSupprimerBonne nouvelle !!! Tu peux petit à petit penser à autre chose et faire quelques projets ! Bon courage à toi
RépondreSupprimerDéjà ça de fait! Quel stress de ne pas réussir à vendre une maison dans laquelle on a pourtant vécu des moments de bonheur avant qu'elle ne devienne pour ainsi dire un "boulet"(et je sais de quoi je parle!)!
RépondreSupprimerBravo! Plein de forces et d'ondes positives pour la prochaine étape!!
Bises et bon week-end!
Merci beaucoup. Tout le monde dit que quinze mois, c'est dans la moyenne, mais moi, j'ai trouvé ça vachement long...
SupprimerFélicitations, voilà une bonne chose de faite, une pagese tourne et ta nouvelle belle vie commence ! :)
RépondreSupprimerElle a déjà un peu commencé quand même, elle sera vraiment nouvelle quand on sera divorcés... Encore un peu de patience...
SupprimerBravo !
RépondreSupprimerEncore une étape, un pas de franchi !
Il n'en reste plus guère pour que ta nouvelle vie devienne ta vie tout simplement !
Une question sans aucun rapport : mais où est DOMINIQUE ?
Dominique revient bientôt. <3
SupprimerTu vois, je viens de lire ton post.
RépondreSupprimerEt je suis heureuse.
Heureuse pour toi.
J'aime que ça avance bien.
Le bonheur, le soulagement, les bonnes ondes, ça fait des vagues et ça éclabousse tout le monde.
Ben écoute, si tu es éclaboussée de toutes ces bonnes ondes, c'est top ! Je reste persuadée que la pensée positive, que les encouragements virtuels ou par la pensée sont toujours bons à prendre.
SupprimerFelicitations, voila une bonne chose de faite :)
RépondreSupprimerMerci !
SupprimerUne grande et importante étape franchie, qui doit apporter un grand soulagement. Je suis contente pour toi.
RépondreSupprimerMoi aussi, très contente !
Supprimerj'ai cru que tu parlais du divorce. Mais la maison, c'est un gros poids (hautement symbolique) en moins!! Je suis contente pour toi!!
RépondreSupprimerMerci ma Carne. Le divorce... à suivre dans quelques mois, en espérant que ça ne sera pas trop long.
SupprimerP'tite puce. Plein de cœurs, de paillettes, de licornes, en tranches et en morceaux :) Des bisous :))
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