Un plaisir coupable et solitaire

Huummmmm..... Dans l'obscurité, je savoure. Mon mari ne le sait pas, ce plaisir hier après-midi, je l'ai pris sans lui. Un moment de jouissance intense, parce que volée. Je profite de chaque minute, seule, j'apprécie la douceur de l'endroit où je me trouve, un demi-sourire aux lèvres. Je le sens vibrer contre ma cuisse, je ne lui accorde pas beaucoup d'attention. Je décalotte...

... le petit pot de Ben & Jerry Fairly Nuts et plonge avec délice ma cuillère dans la crème glacée. Il fait sombre et ça va commencer. Heu, à toutes fins utiles, c'est le téléphone qui vibre. Un texto.

Hier, en tout début d'après-midi, je suis allée au cinéma, toute seule. Dans la salle, une compagnie de retraités, cheveux blancs, légèrement bleutés pour les dames ou pas de cheveux du tout. Forcément, un mardi à cette heure-ci, y'a pas beaucoup d'autres possibilités. La lumière s'éteint déjà, chic, j'ai zappé les pubs. Je choisi un fauteuil, je pose mon sac à côté de moi, c'est parti...

Le ciné seule, c'est un plaisir rare, que je ne peux plus m'octroyer très souvent. Avant, il y a longtemps, quand j'étais encore célib, et pas encore mère, j'allais très facilement au cinéma. Ça ne me faisait pas peur d'avaler trois séances d'affilée (mais je ne mangeais pas une glace à chaque fois). Je ne connais rien d'aussi planant que cette sensation de totalement perdre la notion du temps, de ne plus savoir s'il va faire jour ou nuit lorsque tu sortiras.

J'adore aller au ciné toute seule. Choisir un film que ME plait, sans tenir compte de l'avis de quelqu'un d'autre, sans devoir faire de concessions. Chouchou n'aime pas trop le ciné, donc quand nous nous sommes rencontrés, j'y suis allée moins souvent. Du coup, j'ai conditionné mon gosse tout petit et j'ai de la chance, Crapaud-poilu aime bien. Le premier film que nous avons vu ensemble, c'était.... je ne sais plus. Un dessin animé forcément, il devait avoir 3 ans et demi. Depuis, nous y allons régulièrement. Pendant donc environ 10 ou 11 ans, je suis allée au cinéma voir des films "de gosses". C'est pas grave, hein, j'aime bien aussi (à part Cars, qui est vraiment nul) mais parfois, un film de grand, ça m'aurait fait plaisir. Sauf que pour des questions de timing et de disponibilités, c'est pas super facile. Planter là le père et le fils pour y aller tranquille ? Ça passait moyen au niveau des relations familiales.

13h58, le film va démarrer. La personne sur la rangée derrière moi bouge un peu. Purée, mais qu'est-ce que c'est ? Un bouquet de marguerites ? Non, cette fois, c'est vraiment une odeur de pieds qui puent. C'est pas  possible, y'a un vieux qui a dû ôter ses pompes. En apnée, dans le noir, j'attrape mon sac, mon téléphone glisse, je le retiens entre le bout du pouce et le pot de glace, tâtonne et avance d'une rangée. J'entends des soupirs agacés. Je t'emmerde, pieds-qui-puent. Je lèche mon écran tactile, pas question de perdre une miette de pépite amande.

Faut dire que j'ai pas de chance. Déjà la dernière fois, avec Crapaud-poilu et son copain, j'avais changé de place parce que le type d'à côté, il puait tellement la transpiration que la zone était sinistrée dans un rayon de trois sièges autour de lui. Atroce. Et il était avec sa femme, amoureusement agrippée à lui, limite le visage contre son aisselle. Y'a vraiment des gens qui n'ont aucun odorat. Ou qui sont les plus grands hypocrites jamais connus. Il m'a regardé d'un oeil mauvais. J'aurais adoré qu'il me demande "ben quoi ? je pue ?". La réponse aurait été certifiée sincère et véritable.

Je suçote ma petite cuillère en bois, dégustant la glace par petits coups de langue. J'ai intérêt à faire durer le plaisir, vu le tarif. Sans blague, un pot de glace de 150 ml, à 4,20 €, c'est abusé. Ramené au prix au litre, c'est plus cher que le Martini ! Ce serait pas super cool ça, au cinéma, un Martini avec des Monaco (bon ok, pas à la séance de 13h45). Mais un apéro ciné, à la séance de 18h00, ce serait d'enfer. Sauf si les Monaco sont mangés pendant le film et que ça fait crounch crounch. Parce que les bruits de mastication, je déteste tout autant que les bruits de papier de bonbons. La vente des Arlequin de Lutti devrait être prohibée dans les salles obscures.

Hier, une séance solitaire, heureuse, avec un brin de culpabilité, mais pas assez pour me faire regretter. 

Vivement la prochaine...


Au fait, je confirme que l'illustration, le titre, l'intro et toutes les références légèrement sexuelles de ce billet sont faites pour attirer des lecteurs et lectrices, qui vont espérer trouver ici du cul. T'inquiètes, y'en a parfois.
Qui a dit allumeuse ? ;-)