Où il est question de nature et de poils

Franchement, j'en ai ras-le-bol. Il fait finalement beau, le temps est lumineux, le ciel dépourvu de nuages, les floraisons intenses, des coquelicots partout. Et il y a un vent à arracher les petites culottes. Oui, parce que décorner les vaches, pauvres bêtes, ça doit faire super mal. Alors ?

Et bien pour faire des photos jolies, des jolis portraits de marguerites, le vent, c'est pas du tout, mais alors du tout pratique. Elle fristouille la marguerite, avec ce vent de dingue, elle n'arrête pas de gigoter.

Premier essai samedi après-midi. J'avise quelques coquelicots en bordure d'un champ de blé d'un vert profond, presque bleuté. Un contraste magnifique. Je gare la bagnole sur le chemin. Me voilà à 4 pattes en train d'essayer d'expliquer au coquelicot que ce serait mignon qu'il cesse de bouger. Un tracteur passe. Le type qui le conduit me regarde d'un drôle d'air, me dépasse, se retourne, je lui montre l'appareil photo. Il manquerait plus qu'il s'imagine... je sais pas quoi. Une grosse blonde paresseuse à 4 pattes dans un champ de blé, en plein après-midi... On sait jamais. Essai raté, mes photos sont floues.

Je cueille un coquelicot et le shoote sur la table de la cuisine. Une jolie minuscule bestiole sort de dessous les pistils. Elle me sourit et pose gentiment, ELLE au moins. Elle a le dos tout poilu.

Deuxième essai dimanche matin. J'avais repéré une charmante petite route en bordure de la grosse route à quatre voies, avec tout un tas de chardons, de marguerites et tout et tout. Sauf que j'ai été infoutue de trouver comment on pouvait y accéder. J'ai erré sur de petits chemins pour finalement rattraper la route principale. Prête à renoncer, toute penaude, déçue et un peu vexée aussi. Et là, je vois à droite, une zone artisanale qui est en cours de travaux et au bout, un chantier, des gravats et des fleurs. Je bifurque et me voilà à nouveau, à 4 pattes, en tongs, en train d'essayer d'immortaliser ces merveilles. Le vent est toujours là, glacé malgré le soleil. Alors, je n'ai pas réussi exactement à faire ce que je voulais, mes j'ai quelques jolis clichés tout de même.

A commencer par, finalement, les délicates fleurs de chardons. Comment imaginer que cette fleur aérienne, sublime et romantique va devenir une puissante arme de guerre anti-promeneur en short et en tongs ?...

Le coquelicot, avant de devenir cette explosion de rouge, c'est d'abord une couille poilue. Sans déconner, tu trouves pas que ça ressemble vachement à une couille ?

En milieu naturel... Le coquelicot a meilleure mine.

Sur le talus près du chantier, avec ses copines Marguerites.

Maintenant, bienvenue dans mon jardin, à la maternité des fougères...

Vraiment poilue, la donzelle...

Maintenant, les marguerites, en bande, elles n'aiment pas la solitude. On voit toujours DES marguerites. En voilà une qui a opté pour un mariage mixte, avec quelqu'un d'une autre origine.

Tout ça pour dire que LA NATURE AIME LES POILS.
Y'a tout le temps des trucs poilus, partout. C'est naturel. Oui, mais bon, nous sommes dans une société civilisée et je n'ai pas encore décidé de renoncer au rasoir sous prétexte de plus de naturalité. Je me vois bien en train de dire à Chouchou : "non, mais, c'est pour plus de naturel...".

Finalement, j'ai cueilli des marguerites pour faire un bouquet. Arrivée à la maison, j'ai raccourci les tiges trop longues, mis le tout dans un joli vase.

La marguerite, c'est joli. Y'a même des filles sur les photos qui les portent en couronnes, joliment tressées autour de leur cheveux longs. Elles ont de belles robes blanches, parfois avec un peu de broderie anglaise. Elle regarde l'objectif par en-dessous. Un petit flou, et paf, c'est David Hamilton, c'est bon, tu vois le style ?

Elles doivent toutes avoir le nez bouché.
Parce que les marguerites, ça pue les pieds. Et la pisse de chat.

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Le petit dessin tout en haut, c'est une inspiration de la divine Margaux Motin. On comprend tout de suite pourquoi, elle, c'est son métier, l'illustration. Et que ce n'est pas le mien.