27 nov. 2015

Tricolore



Aujourd'hui, je n'ai pas pavoisé mes fenêtres parce que je n'avais pas ce qu'il fallait sous la main. Pas le drapeau, pas le système d'accrochage, et puis j'étais à la bourre et il faisait nuit.

En revanche, le bleu-blanc-rouge, il est sur moi, et j'en suis fière.

Je suis fière et heureuse de porter ces couleurs, fière de mon appartenance à la France, mon pays. Alors oui, je rouspète comme les autres (un peu moins parfois), non, tout n'est pas parfait mais quand même, à un moment, il faut se dire qu'on a quand même une chance incroyable de vivre ici.

J'aime les paysages magnifiques, les littoraux, les plages, les montagnes, les plaines et les vallées, les rivières, les bois, les villes, j'aime avoir un patrimoine, une architecture, une histoire.

J'ai l'éclair au chocolat, le Pessac-Léognan, l'aligot, la chantilly, le saucisson pistaché en brioche, le comté, le croissant, la sole meunière, le Pineau et la crème de marrons.

J'ai la possibilité de me faire opérer dans un hôpital propre, par des gens compétents, le tout sans débourser un centime.

Crapaud-poilu suit des cours d'enseignement supérieur, dispensés par une équipe impliquée, il a accès à du matériel de dernière génération, dans des locaux chauffés l'hiver. Et ça ne me coûte quasiment rien.

Je lis Barbara Constantine, Carole Martinez, Blandine Le Callet ou Bernard Minier, j'écoute Tété, Brigitte, France et Camille et aussi Julien, Christine, Peter et Sloane. J'ai aussi le droit de pas écouter Kendji, parce que j'ai le droit de ne pas aimer.

Je peux me promener avec un décolleté, une jupe au ras de la salle de jeux, je peux mettre du rouge à lèvres, conduire ma voiture, avoir un orgasme tous les jours si j'ai envie, parce mon clitoris fait encore partie de moi.

Je peux voter, choisir de ne pas avoir d'enfant, travailler, vivre avec un homme sans être mariée, tout en ayant pu choisir cet homme. Je peux l'embrasser à pleine bouche si j'ai envie, même dans la rue si j'ai envie.

D'ailleurs si j'avais voulu, j'aurais pu aussi choisir une femme. Et l'épouser même.

Je suis libre, je vis en France et j'aime ça. Et mon drapeau fait partie du tout.

Alors pas question de continuer à laisser la revendication de propriété du drapeau tricolore aux fachos et aux nationalistes. Le drapeau, il m'appartient et j'en suis fière, je n'ai pas à avoir honte de porter ces couleurs, parce qu'on a voulu y coller une étiquette qui ne me correspondait pas.

Je ne suis pas certaine que c'est tout de suite qu'on verra dans le rayon déco de la FoireFouille des tirelires avec le drapeau français, au lieu de l'Union Jack, mais c'est à nous tous de nous le réapproprier.

Je suis Française, c'est une chance et aujourd'hui, en bleu blanc rouge, mes pensées vont à ceux qui sont morts pour avoir voulu profiter de la vie douce.



29 commentaires:

  1. Bleu Blanc Rouge dans mon coeur. Merci <3

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  2. Un si joli billet... de grosses bises....
    silvia

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  3. Val Làô sur la Colline27/11/15

    Parfait billet ! Idem pour moi. Des bisous, Armelle.

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  4. Très beau billet. fallait le dire et comme d'habitude, tu as trouvé la bonne formule. bises. Jo

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  5. Madame Pivoine - Natacha27/11/15

    Bah moi je n'y arrive pas.
    C'est marqué sur ma carte d'identité. Nationalité : française. Mon nom est on ne peut plus français. Mais je n'arrive pas à me sentir française.
    Pourtant j'adore ce pays:
    - Je pourrais pleurer en regardant la mer de fracasser sur la pointe du Raz.
    - Quoi de plus beau que l'automne en Alsace?
    - J'aime Paris profondément (surtout depuis que je n'y habite plus).
    - Les orages des Cévennes
    - La laideur de Royan.
    - Le Périgord de mon enfance.
    - les marchés
    - La grisaille du Nord
    - le snobisme de Bordeaux
    - Les bateaux-mouche
    - Barbés, le 11ème, l'avenue Foch, Pigalle, le neuf-3
    - Les châteaux de la Loire,
    - Les cèpes, le pélardon, les cerises et les mirabelles, le foie-gras, le gewurztraminer vendanges tardives, etc
    - Simenon, Camus, Despentes, Desproges …

    Mais j'aime aussi tant d'autres choses ... ailleurs. Je suis chez moi aussi ailleurs.

    Je n'y arrive pas avec cette notion de patrie. Elle nous fait plus de mal que de bien.

    Je ne suis pas spécialement fière de mon pays, car je ne suis pour rien de ce qu'il est. Je ne suis pas fière de son histoire. Je ne suis pas fière de ses engagements. Je ne suis pas fière de nos dirigeants. Je ne suis pas fière de ces 40% de gens qui pensent voter FN. Je ne suis pas fière de ce qui se passe dans nos banlieues.

    Je suis juste fière de ces gens qui sont capables de rire, de chanter, de pleurer, de vivre place de la République, rue de Charonne, qui font des collectes pour les orphelins, qui pardonnent, qui refusent la haine qui jouent du piano, qui font des hugs.
    Mais ça c'est universel. Cela pourrait être ailleurs.
    Derrière les frontières -ces petits traits fictifs sur nos cartes Michelin-, c'est le même air, ce sont les mêmes arbres. Les rivières n'ont que faire de nos barrières.

    J'ai du mal avec la marseillaise. Ce ne sont pas mes valeurs. Je ne veux pas de vengeance. J'ai mal au sang impur (ok,ok, il y a des explications historiques. Mais non).

    J'ai mal à la liberté que cet état d'urgence recoupe. Et pour combien de temps?
    J'ai mal à l'égalité quand je vois ce qui ce passe dans la banlieue où je suis née, au monsieur qui mendie à la boulangerie.
    J'ai mal à la fraternité à chaque sondage.

    Voilà. Encore un roman fleuve. Pardon.
    Je t'embrasse, Armelle.
    Je vous aime.

    "Imagine there's no countries,
    It isnt hard to do,
    Nothing to kill or die for,
    No religion too,
    Imagine all the people
    living life in peace..."

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    1. Je n'aurais pas dit mieux...très très beau commentaire Natacha...

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    2. Anonyme27/11/15

      Merci! Et tout pareil... je n'y arrive pas. J'ai mal à la liberté, j'ai mal à l'égalité, j'ai mal à la fraternité... même si j'y crois et que je me bats au quotidien pour cela. Il n'empêche que plus ça va et plus je serre les dents.
      Envie d'entonner un nouvel hymne:
      Allons enfants de la démocratie
      L'heure de créer est arrivée
      Formons, éduquons sans relâche
      Cultivons notre diversité
      En marche citoyens! ON VA TOUS MÛRIR !

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    3. Kaylee27/11/15

      Merci Natacha, vous avez écrit ce que beaucoup de personnes, dont moi, pensent tout bas !

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    4. Smouik27/11/15

      Je te comprends Madame Pivoine-Natacha, mais je ne suis pas d'accord avec toi quand tu dis "Mais ça c'est universel. Cela pourrait être ailleurs". Eh bien non en fait ! Tu as peut-être du mal avec la notion de patriotisme qui prend des connotations trop politiques ou partisanes. Je ne pense pas qu'aujourd'hui il s'agisse de cela. Il s'agit seulement de renouer avec l'unité et de commencer à vivre différemment, à retrouver notre humanité les uns envers les autres. Le drapeau est un symbole, on peut en trouver d'autres. La photo qui fait le buzz en ce moment sur les réseaux sociaux et celle de trois soutifs bleu, blanc et rouge suspendus à un balcon. C'est génial. L'esprit français par excellence, dans l'impertinence, cette impertinence que beaucoup, BEAUCOUP de pays nous envient. Tu as mal à la fraternité, à l'égalité, je te rejoins mais il n'y a aucun système parfait. A mon sens, adhérer à une unité, ce n'est pas valider le système, c'est dire qu'on est d'accord pour faire partie de ceux qui veulent le faire évoluer. Il ne s'agit pas non plus de dire que seul notre système est le meilleur (on sait les dégâts que ça fait) mais d'essayer de s'améliorer ensemble avant d'aller donner des leçons (je ne parle pas de toi) aux autres... Si tu as voyagé, tu sais que nous avons une chance folle, et ergoter sur les paroles d'un hymne qui ne sont plus au goût du jour ne feront rien avancer, là encore c'est un symbole et on peut en trouver d'autres. Aujourd'hui, on est tous d'accord (ou presque) pour valider la République et pourtant, il a fallu des flots de sang pour y arriver... Mais c'est ENSEMBLE que nous pouvons faire bouger les choses... ça vaut le coup d'essayer ! :-) So long...

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    5. DOMINIQUE28/11/15

      Pendant longtemps les paroles de la Marseillaise m'ont agacée. Puis, finalement, je les aime bien. Si si. Elles nous rattachent au passé, aux moments très durs que notre pays a vécus pour installer la démocratie, pour se défendre (ah, l'histoire des sillons, du sang impur et de l'égorgement de nos compagnes !) contre les opposants monarchistes européens, etc. Donc oui, ces paroles ont un sens.
      Quant à mon patriotisme, le drapeau et tout ça, les démonstrations n'étant pas mon fort, j'ai beaucoup de mal à en parler. Disons que cela procède plutôt de l'intime.

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    6. Edith (de Savoie !)28/11/15

      Dominique, on n'explique pas assez que le "sang impur" sur lequel on a tant glosé, est le sang des "Sans-culottes", les plébéiens qui n'ont pas le "sang bleu" des aristocrates. Aussi le sang impur qui doit abreuver nos sillons est-il celui qu'ils acceptent de verser pour défendre la première République attaquée par l'armée des Emigrés qui voulaient rétablir la royauté. L chant de l'armée du Rhine n'est donc qu'un chant de résistance, (et surtout pas raciste !) à replacer, comme tu dis bien dans le contexte.

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    7. Madame H28/11/15

      Quand mon père a enfin obtenu la nationalité française, j'avais 10 ou 11 ans et on a fêté ça à la maison comme il se doit ! J'étais surtout rassurée qu'il ne puisse plus repartir dans son pays en guerre, même si rien ne le menaçait ...
      Moi, je me suis toujours sentie profondément française, je n'en suis pas fière, mais heureuse et même si je ne suis pas particulièrement patriote, cette 1ere carte d'identité obtenue par mon père y est sans doute pour beaucoup.
      Le soir du 21 avril, paradoxalement je me suis sentie encore plus française., menacée dans ce que mon pays avait de plus précieux, sa tolérance, son ouverture à l'autre, sà liberté, égalité, fraternité ...
      Le soir du 7 janvier, c'était la laïcité française qui était attaquée, et pour laquelle j'ai le plus grand respect, et mon sentiment d'appartenance à ce pays sur le sol duquel mon père n'était pas né s'est encore renforcé.
      Depuis le 13 novembre dernier, j'ai mal à mon pays, je souffre avec lui, je n'ai pas pavoisé ma maison, parce que pour moi le drapeau est toujours en berne et si je n'ai pas chanté la Marseillaise, c'est parce que j'ai eu peur que les strophes s'étranglent dans ma gorge.
      Mais pour toutes les raisons énoncées si joliment par Armelle, je me sens française à 100%, même si je ne l'ai d'abord été qu'à moitié.
      Mais je comprends ce que tu dis Natacha ...
      Je vous embrasse toutes.

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    8. DOMINIQUE28/11/15

      Madame H, tu me fais sentir combien moi, française depuis des générations, j'ai de la chance. Cette question de nationalité ne s'est en fait jamais posée, puisque nous l'étions sans problème. Sauf que. Sauf que mon grand-père Basque s'est expatrié en Argentine à 15 ans, et qu'il n'a revu la France qu'à 30. Le français a été sa troisième langue. Sauf que mes bisaïeuls étaient Espagnols du côté de ma mère. En fait, nous sommes tous faits de bouts collés de nationalités si on fouille un peu.
      Et ça, c'est bien.

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  6. Chris (aka Paquita Chocolatera)27/11/15

    Rien de plus à dire. J'ai un copain qui a échappé à la mort au Bataclan. Il n'est pas blessé physiquement, par contre psychologiquement..

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  7. J'étais partie pour un commentaire épais comme une encyclopédie, mais Natacha l'a fait (très bien d'ailleurs...) à ma place. Maintenant, si pour certains ce drapeau peut permettre un peu plus d'esprit de solidarité, je trouve ça chouette. Je ne participe pas, mais je regarderai en souriant.
    (et le rouge te va joliment au teint !!)

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  8. Magnifique billet, Armelle ! Ca me parle d'autant plus que moi j'ai choisi d'être française !
    Je suis ici chez moi, j'aime la France diverse et variée, multiculturelle ! (et j'emmerde le FN)
    Bisous tricolores !

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  9. Mon drapeau est celui de la France mais à l'horizontale, le bleu en bas. Mais la France est le pays où j'ai grandi, où j'ai aimé, où mes enfants sont nés, et où j'aimerai pouvoir continuer à vivre en paix.
    Joli billet, merci!

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  10. Fabignou27/11/15

    <3 <3 <3
    Moi je n'ai pas les mots, en ce moment, mais je suis heureuse que d'autres comme toi les aient.

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  11. Edith (de Savoie !)27/11/15

    Tu sais que je t'aime, toi ? Très beau texte !!!

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  12. Sofinet27/11/15

    Magnifaïïïque
    et on ne mesure pas toujours notre chance...

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  13. La force des symboles ...
    Les mots de la Marseillaise me faisaient mal "avant"
    mais ils résonnent différemment à mon oreille depuis...
    Le drapeau me semblait "confisqué" par certain,
    aujourd'hui, il est le MIEN, mon signe de ralliement à cette devise :
    LIBERTE EGALITE FRATERNITE

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  14. Je ne sais pas très bien parler de tout ça mais franchement, RESPECT pour les textes lus ici (le tien Armelle bien sûr tellement généreux et enthousiaste mais aussi les commentaires avec un autre point de vue).
    De quoi réfléchir...
    Je "m'entraîne à "réfléchir" plutôt que "réagir".

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  15. Ces couleurs te vont à merveille, et tes mots me touchent, bises du soir

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  16. Anonyme29/11/15

    Très beau texte, on l'aime notre France et nous en sommes fières.

    Bon dimanche
    Odile

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  17. lilou1729/11/15

    J'aime retrouver des bouts de moi dans ton texte (beau) et dans les commentaires. C'est narcissique ?

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  18. J'aime lire vos commentaires, j'aime que vous puissiez les exprimer simplement, avec sincérité et sans agressivité. Au-delà de vouloir me sentir fière de mon pays, Natacha, j'ai surtout voulu exprimer le sentiment que le drapeau français n'appartient pas qu'aux fâcheux et que je trouve regrettable qu'il ait été associé depuis de trop nombreuses années uniquement au Front national et consors.

    Je comprends, Natacha, ton point de vue. Bien entendu que je n'ai livré ici que la partie jolie de la France, bien entendu, c'est sans doute une vision trop rose de la réalité. Mais elle existe néanmoins...

    Je vous embrasse tous.

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  19. "La jupe au ras de la salle de jeu"..... je le note....c'est parfaitement bien casé, sur fond de bleu blanc rouge, ça passe à l'as !

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    1. Sur fond de tapis vert, ça l'aurait fait aussi ;-)

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