Nan, j'en ai pas des bonbons

"Hey, c'est l'Halloween, on veut des bonbons !"
"Moi ssssi, moi ssssi !... "
Ce sont mes deux répliques préférées de la sublime série des Têtes à Claques. Tu connais pas ? Quelle misère ! Clique pour voir, si tu veux, ça vaut le coup, parce que, au début, on comprend qu'un mot sur deux et c'est rigolo.

Et puis avec le temps, et à force de fouiller sur Internet, tu comprends que le truc que le gosse réclame, qu'il dit que tout le monde a dans normalement dans sa maison, ça n'est pas du pop corn, mais des Pop Tarts. Là, si tu habites en Europe, tu sais pas ce que c'est... Par contre, si tu vis de l'autre côté de l'Atlantique, tu vois bien de quoi il retourne.

Ma Tante vit à Montréal et nous sommes allés lui rendre visite à Noël il y a quelques années. Crapaud-poilu ne voulait qu'une chose : goûter des Pop Tarts, parce qu'il adore le sketch en question. Tantine a eu beau lui expliquer que c'était vraiment pas bon, nous avons tout de même acheté un paquet au supermarché, pour voir. Je vais tenter de te décrire : imagine une double cracotte, fourrée avec une espèce de gelée à la fraise, et sur le dessus, un glaçage blanc avec des vermicelles colorés. Aucun ingrédient naturel, tout du chimique. Et attends, le pire du pire, c'est que ça se mange chaud, passé dans le grille-pain. Essaye de te représenter le truc le plus chimiquement sucré que tu connaisses, goût fraise, chaud. L'horreur. Tantine avait raison, même Crapaud-poilu l'a reconnu. Infâme.

Hey c'est l'halloween... Quelle chiasse, les gosses vont venir frapper à la maison pour demander des bonbons. Tradition nord-américaine complètement pas de chez nous, mais entretenue par des Gifi et des Foir'fouille en mal de chiffre d'affaires automnal. Et ça me gonfle grave. D'abord, je n'ai jamais de bonbons à la maison. J'en achète pas, j'en mange pas et je ne veux pas que mon fils en mange. Des fois, un peu quand un copain lui en donne, mais c'est tout. Et s'il y en a à la maison, ben, on en mange, donc y'en a pas.

Je trouve ça consternant de voir des mouflets avec des déguisements moches, venir faire l'aumône pour pouvoir tranquillement se niquer les dents et se gaver de sucre. Avec la bénédiction des parents que visiblement ça ne dérange pas de voir leur gosse de 8 ans, la nuit, venir taper à la porte de gens inconnus. Oui, je suis une vieillie coincée qui n'a pas le sens de la fête, si ça te fait plaisir. Et j'assume.

En plus, comme j'habite dans un trou paumé où il n'y a pas grand monde, ce sont les mêmes gamins tous les ans qui se pointent. Des avortons dont les parents ne disent pas bonjour quand tu les croises au carrefour. Pignouf. Quand je dis des trucs comme ça et que je guette les sales gosses au carreau, j'ai l'impression d'être Huguette sans Scènes de Ménage. Au début, comme je voulais faire bonne figure auprès du voisinage, je faisais un effort et j'arrivais toujours à trouver un truc dans le fond du placard : des chocolat pralinés (que je déteste) et qui dataient du noël précédent, à peine légèrement blanchâtres, des biscuits mous, genre petits-beurres, entamés depuis 3 semaines, et il y a deux ans, des galettes de riz soufflé bio, au chocolat (diamètre 10 cm). Crapaud-poilu était caché dans sa chambre tellement il avait honte.

Cette année, j'ai rien en stock. Je prendrai ma gueule de pas franche et je dirai "non, je n'ai pas de bonbons". Et je penserai "va chier, sale gosse". Mais je le dirai pas, parce que je suis un peu hypocrite quand même et que le père de blondinet avec son déguisement de Superman qui poche aux genoux, il a l'air fin comme du gros sel. Allez, vas-y sale nabot avec ton masque de sorcière, jette-moi un sort pour voir, qu'on rigole. Même pas cap'.

Allez, bonne fête les morts, je pense à vous. Et demain, on traite le cas de l'occupation totalitaire et inacceptable des parkings de supermarché par des milliers de chrysanthèmes en pots, sous des tivolis rayés, ok ?