Un 14 juillet

Jusqu'à minuit hier soir, c'était une journée parfaite...

Debout aux aurores (enfin pas la vraie aurore, c'est trop tôt, mais 7h pour un jour férié, c'est pas mal) (c'est Moumine qui avait les crocs);

Désherbage du jardin à la fraîche.

Petit café au soleil.

Repassage devant le défilé à la télé, tradition familiale depuis que j'ai environ 14 ans. 

Je file à La Rochelle pour aller chercher Reine qui vient déjeuner à la Bicoquillette. Quand on rentre, mon amour a tout préparé, on débouche une bouteille et on s'installe dehors. On pipelette tout l'après-midi. Reine a toujours des histoires dingues à raconter, ce serait bien qu'un jour, elle fasse un blog ! Merci d'être venue ma belle, j'étais ravie ;-)

On repart tous les trois vers la ville, elle nous quitte pour rejoindre ses filles et nous, on se dirige vers le Vieux Port, noir de monde. J'achète un foulard et on fait la queue au soleil pour rentrer au concert.

Brigitte qui chante Balavoine, création unique pour les Francofolies. Magique. Des orchestrations et des arrangements complètement changés pour donner des airs électro, disco ou orientaux, mis en musique par un groupe de jeunes gars, Bon Voyage Organisation. Nous sommes au premier rang, Aurélie me fixe droit dans les yeux, Sylvie est à 2 mètres de moi... Je suis aux anges.

C'est trop court !!

Dans le hall de La Coursive, je suis interviewée par BFM TV... 

On repart vers la plage pour aller prendre des positions stratégiques pour le feu d'artifice. La foule est dense, compacte, on fait une heure de queue pour deux barquettes de frites mais à cet endroit, il y a une scène ouverte des FrancOffs avec un jeune gars génial. On ne voit pas le temps passer.

On s'installe près de la plage. Le feu d'artifice démarre à 23h pétantes. Magistral. On a l'impression que ça ne s'arrêtera jamais. Les fusées tricolores, celles qui dessinent des cocardes dans le ciel sont les plus applaudies. En contrebas, sur la plage, ça chante la Marseillaise. L'air est doux, un peu patriotique et j'ai un sourire jusqu'aux oreilles, un sourire de petite fille au spectacle des lumières qui colorent le ciel de la nuit.

Main dans la main, on retourne vers la voiture dans la foule toujours aussi dense. Des gendarmes patrouillent en tenue de combat, fusil à la main. J'ai un frisson. 

On s'installe dans la voiture et on met la radio. Les infos. J'ai le sang qui se glace, ça parle d'un camion qui a foncé dans la foule à Nice, la même foule que celle qui m'entourait, la même foule, celle qui venait voir le feu d'artifice et qui applaudissait aux cocardes tricolores. La journaliste parle de "plusieurs dizaines de morts". Je pense tout de suite à ma collègue dont le fils est là-bas, à elle qui doit se faire un sang d'encre.

Je me couche triste, glacée.

Ce matin, aux dernière nouvelles sur BFM, ils disaient 84 morts. Je suis profondément choquée. Ma collègue répond à mon SMS pour me dire que son fils étaient bien là-bas avec ses amis, qu'ils sont indemnes et profondément choqués.

C'était une super journée. Ils ont tout gâchés.

Je pense à tous ces gens, aux enfants, à leur famille et je me dis que moi, j'aurai la chance d'applaudir encore les feux d'artifice qui font des cocardes tricolores. 

J'ai tellement de chance...