Non, je ne dors pas

Samedi soir 5h19, enfin plutôt dimanche matin, je ne sais plus, j'ouvre la porte de la voiture, je peux à peine marcher tellement j'ai mal aux pieds, mes jambes ont du mal à me porter, j'avance sous la pleine lune en me disant "plus jamais".

Mon sac se pose tout seul sur la table de la cuisine, j'enlève mes sandales dans un effort compliqué pour défaire la petite boucle (j'aurais dû mettre des ballerines). Je monte dans la salle de bains, je me brosse les dents et c'est tout, je n'ai pas la force de me démaquiller (Ste Lisa Eldridge, pité, pardonnez-moi), je m'écroule dans le lit.

Dimanche, 8h05 : mon oeil gauche dont la paupière est à moitié collée explique au droit que ce n'est pas la peine de faire l'effort de s'ouvrir, c'est BEAUCOUP trop tôt. Je sombre à nouveau dans des rêves absurdes avec des personnages sans visage et des situations torturées.

9h25 : mon cerveau sait qu'il faut que je me lève sinon le reste de la journée sera atroce, sans compter l'odieuse culpabilité de ne pas faire l'effort de partager ce merveilleux dimanche avec ma famille. Il me faut bien 1 minute pour réussir à m'asseoir au bord du lit. Je constate que j'héberge un sac de plâtre à l'intérieur de ma bouche et que ma langue a la texture d'une semelle cuir, malheureusement sans la fonction anti-odeurs.

Je me lève, la pièce tourne un bref instant autour de moi avant de reprendre sa place, ce qui me permet de rejoindre la salle de bains. Dans le miroir, je croise le regard d'une personne qui pourrait jouer dans un film de zombie des années 70. Merde, hé les mecs, y'a un zombie devant mon lavabo. Les yeux rouges et bouffis, cernés du mascara qui a allègrement dégouliné, les cheveux.... je préfère ne pas m'attarder, les paupières gonflées. J'essaye de reprendre figure humaine et je descends dans la cuisine. Chouchou est allé chercher des croissants et a fait du thé. C'est gentil. Je grignote un croissant du bout des dents, j'ai pas vraiment faim. Je concocte avec le thé chaud la boisson que je préfère lorsque rien ne va (pour cause de nuit blanche, de chagrin ou de rhume) : du thé au lait très sucré que je bois doucement, accompagné d'une Ibuprofène 200 mg, plus digeste que le croissant. Je ne parle pas, j'ai peur d'entendre le son de ma propre voix (tiens, salut Chewbacca).

Après le petit déjeuner, je vais m'affaler sur le canapé devant la télé, j'ai rabattu la capuche de mon gilet pour plus d'intimité, je lutte, je regard vaguement le programme et petit à petit je glisse vers une position horizontale.
"Maman, tu ronfles !"
"Hein, mais non, je ne dors pas, je regarde la télé".
Ah oui, je bave un peu aussi.
Reprends-toi Chewbacca, tu ne vas pas attaquer la sieste à 11h25 quand même. Reprendre une position plus verticale s'avère d'une difficulté incroyable comme si mon gilet était en réalité une cotte de maille. Mes paupière sont terriblement lourdes. Si ça se trouve, je suis sous l'influence d'un hypnotiseur et je ne m'en rends pas compte. Il va vouloir fouiller dans mon cerveau pour savoir pourquoi je suis dans cet état... Rien de compliqué, c'est juste que je n'ai pas dormi la nuit précédente parce que j'ai fait la fête. Voilà.

Et surtout, surtout, la raison principale est que malgré mon allure incroyablement juvénile, il faut se rendre à l'évidence, je vieillis. Le mot m'écorche la bouche (qui n'avait pas besoin d'une épreuve supplémentaire) et me tords le coeur mais c'est la triste vérité. Avant, je pouvais passer deux nuits d'affilée comme celle-là, dormir simplement deux heures et être relativement en bon état pour le reste de la journée.

C'est fini. Over.

La décrépitude me guette, je songe sérieusement à m'abonner à Notre Temps voire à porter un pyjama pour dormir. Je vous laisse, y'a une rediffusion des Cordier sur Vivolta.