L'autre matin, alors que j'étais complètement scotchée par l'extraordinaire lever de soleil rose-violet-jaune-doré qui embrasait le ciel, pile au moment où je pensais que ce moment était unique, la radio s'est mise au diapason. Quelques notes de guitare et la voix qui démarre...
I never meant to cause you any sorrow (ow ow ow - petit écho)
I never meant to cause you any pain (ain ain ain...)
Mon coeur s'est froissé, mes yeux ont piqué, le moment était trop parfait. Même si j'allais bosser encore à moitié endormie, même si j'étais seule dans ma voiture, même si je n'allais pas rire dans la pluie violette, c'était juste.... parfait.
Avec un bémol... Pour écouter cette chanson, il faut être deux. Et être enlacés pour danser un slow. Je me suis demandé "mais depuis combien de temps je n'ai pas dansé un slow ?" Ça doit faire un sacré bail parce que je ne m'en souviens pas. J'ai bien dû danser avec un collègue à une soirée de Noël de la boite il y a au moins cinq ans, affublée d'un déguisement ridicule en rapport avec le thème de la soirée, donc avec une cote glamour proche du néant et surtout aucune envie de coller trop serré...
Le slow. C'est un truc complètement vintage, non ? On danse encore des slows ? En boite ? Je ne suis même pas certaine qu'il y ait encore des passages love-love en boite de nuit ou dans les soirées. Alors que le slow, c'est quand même un moment chargé d'émotion, positive ou négative.
1985 - boum pour l'anniversaire de Lionel W., dans le garage de ses parents - éclairage par trio de spots rouge-jaune-vert - boule à facettes des parents - mini-chaîne à fond - chaises alignées le long du mur.
Les filles sont assises sur les chaises et regardent les garçons qui discutent. Et là, un ange passe quand l'hôte des lieux se décide finalement à lancer les slows. Moment chargé d'espoir infini, synonyme de boule au ventre, de crainte diffuse avec à l'esprit une seule question "est-ce qu'il y en a un qui va m'inviter ?"
Pitié, ne pas rester la seule fille sur la chaise.
Pitié, je veux qu'il y en ait un qui m'invite.
Pitié, ne pas être la dernière à être invitée.
Déjà un peu boulotte, déjà angoissée de ne pas plaire, déjà pétrifiée à l'idée de rester seule. J'aurais préféré qu'on passe directement au quart d'heure américain (si tu ne sais pas ce que c'est... Je n'ose même pas imaginer que tu ne saches pas ce que c'est). Au moins là, les filles sont maîtresses du jeu.
I'm still loving yoooooou hurle Scorpions quand il me tend la main : Didier Demko, plus grand que moi en taille, ce qui à l'époque reste un critère essentiel pour une fille. Quand je le vois dans la cour au collège, je déteste sa parka à liens coulissants au niveau de la taille, mais il est plutôt cool. Je me lève de ma chaise un peu trop vite craignant surtout qu'il ne se rende compte de son erreur. Je glisse mes bras autour de son cou, il pose ses mains sur mes hanches, raide comme un piquet. A petits pas, nous tournicotons sans parler. Ça y est, la chanson est finie. Ma vie peut s'arrêter maintenant, j'ai dansé à un slow à la boum de Lionel W.
1992 - boite de nuit - célibataire, dans une nouvelle ville, sans beaucoup d'amis - vers 3h, la lumière noire s'allume.
Assise sur un pouf en tissu rouge façon velours, pas trop loin de la piste, j'allume une cigarette pour me donner une contenance, je bois une gorgée de vodka-orange et prend l'air détaché. Un type s'approche en se passant la main dans les cheveux, jean un peu délavé, chemise blanche ouverte et manches retroussées. Je ne me souviens pas s'il est beau ou pas. Il me dit "tu danses ?" Ouais. J'écrase ma clope au fond du cendrier et me laisse entraîner par la main. Je plaque mes mains sur l'avant de ses épaules, lui enroule ma taille en collant son ventre contre le mien. Il a chaud, il ne sent pas très bon (juste avant, il se déchaînait sur la piste). Je scrute les alentours pour voir si ses copains se marrent en se poussant du coude. Apparemment pas. And I ah-aï will always love yooooou hou hou hou-ou-ou braille Whitney Houston. Je suis sûre que je ne le loverai pas always mais en attendant, je ne suis pas la potiche sur tabouret. Sa main droite glisse vers mes fesses. Heu.... Je ne suis pas persuadée de vouloir aller si vite. Je m'écarte un peu et le regarde avec un oeil un peu interloqué et une mimique ridicule. Son sourcil se relève en disant "ben quoi ?" Pour lui, c'est évident que si j'ai accepté, c'est que je suis seule, disponible, donc pourquoi pas ? Moi, j'ai accepté parce que tout ce qui est pris n'est plus à prendre et manquant toujours cruellement de confiance en moi, les fois où on m'invite, ben.... je dis oui. La musique s'arrête. Je dis merci et retourne m'asseoir, pas envie d'enchaîner un deuxième slow. J'aurais dû dire non au premier, c'était nase. J'allume une cigarette et je crois que finalement, je vais rentrer. Toute seule.
L'autre jour, dans la lumière rose du matin, écoutant Prince et ses notes parfaites, je me suis rendue compte que j'avais très envie de danser un slow, de sentir la proximité du corps de l'autre, de bouger ensemble sur une musique lente, ondulant sur le rythme de la musique et sans se faire marcher sur les pieds si possible. Oui, mais voilà, les boites de nuit je n'y vais plus souvent et je pense que le slow fait définitivement partie des choses obsolètes. Je n'ai pas d'invitation à un mariage ou à une soirée d'anniversaire en vue... Et de toute façon, Chouchou déteste les slows.
C'est pas gagné.
Tu danses ?
***
Celui ou celle qui trouve le titre de la chanson dont les paroles figurent sur le mur du garage gagne le droit de raconter son meilleur souvenir de slow... ;-)
Les slows et les pelles (les vraies pelles, avec le coeur et tout, qui te laissent tremblante comme une feuille et le coeur qui bat la chamade, les pelles juste-pour-la-pelle pas un accompagnement d'autre chose, quoi), pour moi, c'est meme combat. Des petits riens dont on ne savait pas vraiment profiter quand on apprenait a devenir grands et des petits riens avec lesquels on ne joue plus guere une fois en couple, souvent. Cher&Tendre n'est pas tres pelles et ca me manque, diantrement.
RépondreSupprimerDes bisous, m'dame Blonde !
SupprimerQuand je pense qu'à 18 ans ,je pouvais passer des nuits à rouler des galoches et rentrer ensuite chez moi les jambes toutes flageolantes!
Tout se perd ma bonne dame !!
Les pelles, j'en profitais à fond... C'était l'accompagnement du slow dans les bonnes versions ;-)
SupprimerSi tu n'avais pas eu l'occasion de le lire, j'avais raconté une histoire de pelles ici : http://www.blondeparesseuse.com/2011/11/roule-moi-une-pelle.html
SupprimerOuiiiii, j'ai reconnu tout de suite les paroles sur ton dessin : c'est Chorche Michel et ses murmures !!!
RépondreSupprimerZut, faut que je raconte un souvenir de slow... Oth et moi avons ouvert le bal de notre mariage avec un slow, parce que Monsieur danse très très mal, sinon je lui aurais bien imposé une valse, mais bon...
Il danse très mal le slow aussi ? ;-)
SupprimerNon, soit pas fâché Oth... !
Nous avons ouvert le bal du mariage avec un tango exceptionnel, consécutif à 6 mois de cours intensifs... Du grand bonheur de voir la tête de nos parents, sidérés !
aaaaaaaaaaaaaaahhh George!!!!!! évidemment, dès les premières notes ça file la chair de poule ;) C'est vrai que ça se perd les slows, mais en bal ils en passent encore, des fois. C'était bien pratique quand même hein de pouvoir s'allumer une clope pour avoir l'air moins c..
RépondreSupprimerC'ETAIT pratique. Parce que j'ai arrêté de fumer maintenant. Mais c'est moins grave parce qu'aujourd'hui, je m'en fous un peu et je ressens moins le besoin de me donner une attitude particulière...
Supprimeroui, oui, j'ai bien dit C'ETAIT :D
SupprimerC'est George ! c'est George !!c'est Geooorrrggee !!!
RépondreSupprimerJ'adore George Michael version "faith" mais un peu moins "careless whisper"...
Pour les slows, j'ai une play list à la maison et quand j'ai envie de danser un slow, je baisse la lumière, je mets la musique et j'invite Mr Leyley qui ne danse jamais (sauf s'il a bu un peu trop) à danser un slow !
Il a horreur de ça mais finalement il se met à aimer au bout de quelques minutes et j'arrive même à le faire rester debout pour une 2eme danse !
Dis donc, c'est cool ! Moi, la dernière fois que j'ai essayé, je crois bien que je me suis faite envoyer bouler... Mais j'essaierai encore !
SupprimerNan, je danse pas, je garde le sac de ma copine.
RépondreSupprimerOh, Dominique.... Et si je le garde moi, ton sac, tu te laisses inviter ?
SupprimerOh mon premier bal, mon premier slow, ma première pelle (d'enfer même si je ne me souviens plus de la tête du garçon tellement c'est loin!) et une... baffe magistrale de papa : je ne savais pas que la tradition était que les parents surveillent leur progéniture depuis le balcon de la salle de bal du village ! :D
RépondreSupprimerAu bal du quartier, un soir d'été. Un garçon dont je me souviens du visage mais plus du prénom m'embrasse sur la piste, rapidement. Je crois que mes parents sont là mais je ne suis pas bien sûre...
SupprimerNous nous éloignons vers le terrain de basket, un peu plus intime. Et là, il me fourre les mains sous le tee-shirt et se met à me toucher les seins !
Bon sang, je me suis dit que j'étais une traînée et que tout le monde allait le savoir. C'était terrible... mais je ne lui ai pas dit d'arrêter non plus. J'ai juste un peu écourté. Finalement, personne ne l'a su !
A 9 ans mon 1er slow... sur l'inoubliable le mythique Couleur Menthe à l'eau... avec mon amoureux... que j'ai perdu de vu à l'entrée au collège...et retrouvé près de 30 ans après...il ne m'avait pas oublié... RRRroooooh c'est kiwi la vie ! ;p
RépondreSupprimerIncroyable ! Tu dois drôlement bien danser alors... ;-)
SupprimerL'idée qu'on s'en fait c'est ça le top! Parce que le reste c'est plus souvent comme tu décris - épisode 1992 - et on écrase une clope presque neuve pour pas grand chose finalement...
RépondreSupprimerC'est surtout ça le problème, la clope est toujours presque neuve...
Supprimer[Ouf je trouve 5 minutes pour venir commenter !...]
RépondreSupprimerLes slows mon chéri il adore ça, dès qu'il y a une fête il crie à la cantonnade "qu'est-ce que j'en ai emballé là-dessus !..." qui fait TOUJOURS rire tout le monde (heu... Sauf moi mais seulement parce que je l'ai entendue 15 000 000 de fois) et il m'embarque pour un collé serré...
Ben oui dis donc, ça faisait un p'tit moment qu'on ne t'avait pas croisée... Je suis contente que tu reviennes ;-)
SupprimerQuant à ton mari, l'important, c'est que finalement c'est toi qu'il emballe ;-)
Mon ordonnance, profiter du prochain exil de crapaud-poilu pour commander un repas d'amoureux à Chouchou, t'apprêter, être de très bonne humeur, dresser une jolie table, mettre de la musique et l'inviter à danser.
RépondreSupprimerJe ne me souviens plus du tout de mon premier slow, mais je me souviens qu'il y a peu j'ai eu cette irrépressible envie d'en danser un, il y avait déjà une douce lumière tamisée dans la maison grace à quelques bougies çà et là, j'ai mis un joli slow plutôt rythmé, j'étais trés gaie, j'ai invité le Mâle et nous en avons enchainé 5. Et pourtant comme le tien, le mien n'aime pas danser.
Bon, faut que je me motive mais je vais la tenter... on verra bien !
SupprimerJe surkiffe dans l'esprit des mecs l'équation seule DONC disponible. C'est un peu comme le buffet mon chou, je ne mange QUE ce que j'aime, hein...!
RépondreSupprimerC'est ça, comme le buffet !! Et toi là qui me regarde l'oeil torve, tu n'es pas toujours la cerise sur le sundae, vois-tu...
Supprimer1996 ou 1997, anniversaire d'un cousin dans son garage en pleine journée avec moi aussi, spot 3 lumières, mini chaine et boule à facettes
RépondreSupprimeret la... LA chanson: ALWAYS de Bon Jovi et la... LE mec m'invite enfin
et la seule chose que j'arrive à lui décrocher c'est " chouette tes boucles d'oreilles", la classe non!!! depuis les slows je les évite
Mais arrête d'éviter et surtout, accepte quand on t'invite !! ;-)
Supprimerah ben oui, le slowve, j'avais presque oublié...les premières boums avec des galoches de 14min22 (=les 3 slow à suivre), les crampes dans les hanches et dans les mâchoires, c'était physique et intense : une fois mon lover s'est même écroulé de mes bras, submergé par une crise d'épilepsie ! C'est pour dire l'intensité...après on m'a appelée la sorcière, quel problème !
RépondreSupprimerBon, objectif prochaine soirée de Noel : Le quart d'heure américain (comme on pourra doubler les jeunettes qui connaissent pas)
Ouais, à fond sur le quart d'heure américain... je sais pas encore qui j'inviterai mais je vais y réfléchir ;-)
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