Ça y est, tout le monde est parti et nous restons à trois,
lui, ma sœur et moi. La nuit est noire et sans lune quand nous fermons la salle
des fêtes. Je ne peux plus poser un pied devant l’autre, j’ai tellement mal
partout que je décide de rentrer pieds nus.
Nous devons retourner à la maison à pied puisque c’est ainsi
que nous sommes venus plusieurs heures auparavant. C’est compliqué : nuit
sans lune, pas de réverbères allumés (c’est comme ça dans les petites communes,
passé 23h, pouf ! plus rien), nous cherchons notre chemin à tâtons, en
tentant de nous diriger au pif.
Dans une main, mes chaussures, dans l’autre, sa main à lui.
On rigole nerveusement en trébuchant sur les trottoirs. Arrivés devant la maison, le grand portail est fermé. Tu as les
clés ? Ben non, et toi ? Ben non. Forcément, ce n’est pas nous qui
avons fermé, d’ailleurs nous l’aurions mise où la clé ? Dans mon
bouquet ? Bon, ben y’a plus qu’à escalader le portail. Il grimpe, j’ai
toujours mes chaussures à la main, j’imagine la couleur de mes plantes de pieds
après 500 mètres à marcher sur le goudron. Il nous ouvre par l’intérieur, c’est
bon, la première étape est franchie. Heureusement que nous sommes un peu
écervelés, la porte-fenêtre de la cuisine est restée ouverte. T’imagines si ce
soir il avait fallu péter un carreau pour rentrer chez nous ?
J’enfile des chaussons (hors de question de remettre les
chaussures) et nous partons raccompagner ma sœur qui dort sur le bateau de mon
père, amarré dans le vieux port. Elle aurait pu dormir à la maison, mais bon, quand
même, nous avons préféré rester seuls. Quarante minutes plus tard, je suis
assise dans ma salle à manger, enlevant douloureusement les minuscules épingles
à cheveux qui fixent des petites perles blanches dans ma tresse. Le supplice de
la dépose est au moins aussi pénible que celui de la pose, le matin.
Cinquante-trois. Il y en avait cinquante-trois. Il est sous la douche,
j’entends l’eau qui coule. Je me déshabille et je retrouve des grains de riz
jusque dans ma culotte. C’est mon tour de laisser couler l’eau sur mon dos. Bon
sang, ça fait du bien, il faisait tellement chaud aujourd’hui. Je le rejoins
dans notre lit et nous nous écroulons de fatigue. Mariés et épuisés.
Hier, c’était mon anniversaire de mariage. Il y a dix-sept
ans, je suis rentrée pieds nus par une nuit sans lune, j’ai deviné mon nouveau mari en train d’escalader le portail de notre maison et j'ai compté cinquante-trois épingles à cheveux. Le reste ? Aucune importance, ce sont sans doute mes meilleurs souvenirs de cette journée.
J'aime beaucoup ton récit;je le trouve doux et romantique.
RépondreSupprimerJ'ai le même souvenir que toi pour les épingles à cheveux et les 3 shampooings nécessaires mais pas suffisants pour enlever la laque que la coiffeuse avait mis pour faire tenir le chignon toute la journée !
Joyeux anniversaire de mariage !!
Merci ! Pas de chignon pour moi, il fallait que ça passe sous le chapeau.... ;-)
SupprimerJoyeux anniversaire de mariage !
RépondreSupprimerC'est très émouvant à lire ! :-)
C'était émouvant aussi à écrire.... on ne se refait pas ! ;-)
SupprimerTrès beau texte :)
RépondreSupprimerEt bravo pour ces 17 années...
Merci... Et pour les 17 années, on est bien d'accord, ce n'était pas non plus une promenade de santé. Mais bon, on est encore là ;-)
SupprimerJoli, joli ! beaucoup de douceur
RépondreSupprimerBon anniversaire !
Et la journée d'hier ? de quoi raconter aussi ?
Beaucoup de chaleur aussi !
SupprimerQuant à hier, non, rien à raconter. Après de multiples engueulades arrivées justement les soirs d'anniversaire de mariage, nous avons décidé il y a quelques années d'arrêter de les fêter. C'est bien mieux comme ça !
Très mignon, cela m'a fait revivre des choses. D'il y a... pfouh, 28 ans.
RépondreSupprimerFini de rêver, offensive anti-puces ce matin.
Fifi-le-rayé a ramené des copines ?
SupprimerBien sûr, qu'il en avait ramené, avec sa chair tendre, tu parles ! Mais de toute façon, il fallait que je fasse une tournée générale, avec la chaleur les copines se multiplient.
SupprimerIl a été adopté par Margaux, notre plus jeune chatte, âgée de deux ans. Ils se font des parties d'enfer. Pour l'instant il est en position D. Ouf.
Une tripotée de chats avec une tripotée de puces, ça va être la fête chez toi !
SupprimerC'est si beau... Joyeux anniversaire alors :)
RépondreSupprimerMerci... et merci !
SupprimerJoyeux anniversaire de mariage ! J'espère pouvoir écrire quelque chose d'aussi beau un jour (on me souffle dans l'oreillette qu'il va d'abord falloir convaincre l'Homme qu'un mariage c'est bien...)
RépondreSupprimerC'est bien, oui et non... Il faut faire selon son envie, si ça doit être un peu forcé d'un côté ou de l'autre, c'est pas bon et un jour ça ressort. En revanche, tu peux écrire de belles choses sur d'autres moments ;-)
SupprimerC'est très tres joli, encore plus joli quand on sait que c'est vrai.
RépondreSupprimerDans 8 jours ça fera 13 ans, beaucoup moins romantique chez nous... L'époux ronflait avant que j'ai réussi à enlever la 132ème épingle à cheveux (cheveux très épais et long jusqu'aux fesses...)
RépondreSupprimerDes bises de félicitations pour ces 17 ans : Bientôt la majorité !
Je ne suis pas certaine qu'il m'ait beaucoup attendue non plus... ;-)
SupprimerJoyeux anniversaire de mariage !! L'un de mes plus beaux souvenirs, c'est quand on s'est glissé dans la baignoire de la suite nuptiale (offerte par un oncle) avec un panier de fruits. Le pied !
RépondreSupprimerAh oui, façon Pretty Woman ! La classe, tu m'étonnes !
Supprimertrès bon anniversaire alors ;) j'ai hâte de pouvoir graver ces souvenirs dans ma tête :) bises
RépondreSupprimerMerci, c'est gentil... Il y avait bien d'autres souvenirs de cette journée, mais après touts ces années, ce sont les plus tenaces et émouvants.
SupprimerTrès bon anniversaire de mariage ! Je n'ai pas d'aussi beaux souvenirs de cette journée d'il y a seize ans, mais bon...j'en ai d'autres, heureusement !
RépondreSupprimerHeureusement ! J'en ai d'autres aussi, des beaux, des chiants... Finalement, cette journée avait été un peu fatigante et je crois que comme c'était la fin, c'était finalement bien ;-)
SupprimerTrès bon anniversaire de mariage ! Ce que tu as écrit m'a beaucoup émue...j'espère qu'un jour ça m'arrivera. Il reste "juste" à retrouver un homme (mais un bien ça changera un peu)
RépondreSupprimerJ'espère qu'un jour ça t'arrivera de trouver un homme gentil... devoir rentrer pieds nus et escalader le portail, pas forcément ! ;-)
SupprimerMerci de ton passage...
C'est joliment dit. C'est souvent des petits détails comme ceux-là dont on se souvient le mieux. Et ces années-là, on avait encore la chance de connaître de vrais étés, c'était plus joyeux pour se marier !
RépondreSupprimerCertes ! même si cette journée avait démarré par de gros nuages noirs... ils ont fini par laisser place au soleil juste à la sortie de la mairie ;-)
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