1 mars 2018

Un jour sans fin


Mercredi matin. Je me réveille dans la très vintage chambre d'un hôtel du Gers où je suis en déplacement pro. Il est 6h et j'ai du mal, je me suis déjà levée à 5h la veille et j'ai du sommeil en retard...
Alors que le soleil était radieux la veille, il y a ce matin 3 cm de poudreuse dans la ville. 


La dame de l'accueil nous fait sortir par une porte de service qui donne sur la rue et pas par la grande entrée, très joliment pavée de pierre du coin, très joliment transformée en patinoire. On démarre, ça va, ça ne glisse pas trop mais on roule prudemment. La dame de l'hôtel nous a indiqué la direction à prendre pour notre prochaine destination mais visiblement, c'est pas ça. 

On se retrouve au milieu de collines blanches, ça tombe à gros flocons, c'est joli mais nous n'avançons pas, d'autant qu'on est en rase campagne et qu'on va faire un  détour de 20 km. C'est long quand tu roules à 30. Nous arrivons au rendez vous suivant avec 38 minutes de retard... Tout va bien,  ça continue à tomber.

Plus tard, nous sommes finalement sur l'autoroute A62 qui doit nous ramener vers La Rochelle. Il neige mais ça roule bien. On avise un panneau lumineux qui indique un bouchon à 2 km. Bon. Effectivement, ça bouche. Il neige mais la route est dégagée alors il est où le souci ? Ah merde, un camion de pompiers enquille la bande d'arrêt d'urgence à grande vitesse. Un deuxième. C'est pas bon signe, nous sommes toujours à l'arrêt... la radio de l'autoroute nous explique qu'il y a un accident, un camion et trois voitures. Mince, ça doit être grave.
Le camion est couché sur les deux voies, l'autoroute est coupée, la voix de la radio nous invite à sortir à Marmande. Juste derrière nous, donc.

Nous sommes donc coincés entre l'accident et la sortie. On arrête le moteur. Des messieurs commencent à sortir pour aller faire pipi sur le bas-côté. Moi aussi j'ai un peu envie de faire pipi mais j'ai aucune envie d'aller me coller la wouachacha à 10 cm de la neige,  avec en plus des chauffeurs de poids lourds qui n'auraient sans doute pas la décence de faire comme s'ils ne voyaient rien.  Et puis je suis avec un de mes chefs quand même. Je suis pas hyper pudique, mais y'a des limites. J'attendrai. 

Au bout de presque deux heures, on sait par la radio que le camion transportait des confitures, qu'ils ont fermé l'autoroute, que tant que les 2 voies sont bouchées, le dépanneur et les grues ne peuvent  pas venir... Ça va être compliqué. Et long. Au bout de plus de deux heures, une voiture de gendarmerie se faufile, fait garer les camions sur la bande d'arrêt d'urgence et indique aux voitures de faire demi-tour pour prendre l'autoroute à contresens. Toujours sous la neige. C'est épique. Entre ceux qui veulent commencer la manœuvre alors qu'ils n'ont pas de place, ceux qui ne savent pas dans quel sens tourner leurs roues lorsqu'ils sont en marche arrière et ceux qui veulent niquer tout le monde pour aller plus vite, on n'a pas le cul sorti de la neige. 

Au bout de 40 minutes, nous passons enfin la sortie de péage où se bousculent tous ceux qu'on oblige à sortir de l'autoroute pour éviter l'accident et nous qui arrivons en sens inverse. Et au premier rond-point, on rencontre aussi ceux qui auraient bien aimé prendre l'autoroute mais que finalement non. On a faim, on en a marre. Nous nous arrêtons à la première oasis que nous trouvons : le Buffalo Grill. Je double tout le monde dans la file d'attente du resto juste pour aller faire pipi, sinon je vais avoir un gros problème.

On repart, il neige moins mais l'après midi est fichue. Ça roule, c'est déjà ça.  Je suis crevée d'être le cul dans la bagnole depuis 8 heures. Et j'ai plus de batterie sur mon téléphone. On approche de La Rochelle et tiens, c'est rigolo, il neige. Je rentre au bureau pour consulter mes mails et je repars vite, quitte à ce que la journée soit baisée, autant rentrer chez moi. D'autant que ça tient quand même, la neige...

Avant de partir, j'appelle mon jules pour lui indiquer qu'ici, il neige vraiment et que ça serait bien qu'il ne rentre pas trop tard (il travaille loin de la maison). Il me dit qu'il fait au mieux... Je mets presque une heure pour faire un trajet de 15 minutes. Des voitures à moitié dans le fossé, je vois un gars glisser et faire un demi tête-à-queue sur la voie opposée.  Ça n'avance pas... Le Rochelais ne sait pas conduire sur la neige, il fait n'importe quoi. Alors que moi, la Lorraine, JE SAIS, même si avec Zozo, électrique et automatique, ce n'est pas tout à fait la même chose. J'ai hâte d'arriver, je suis crevée. Je manque de m'étaler de tout mon long dans la cour parce que ça glisse, Moumine hurle à la croquette, le poêle peine à chauffer la maison. C'est définitivement une journée de merde.

Le téléphone sonne. Mon amoureux me dit qu'il ne va pas rentrer, y a des voitures en travers de tous les côtés ... Il va se faire héberger par des copains. Oui mon amour, c'est plus sûr. 

Je raccroche et d'un coup, j'ai envie de pleurer. Et pis nan. Je suis en vie, lui aussi, j'ai pas tout mon chargement de confitures répandu sur l'A62, ma voiture n'est pas dans le fossé. Ça n'en vaut pas la peine. 

Avec mon plaid et mon bol de soupe, pelotonnée sur mon canapé, je vois Evelyne Dhéliat qui me dit que demain après midi, à La Rochelle, il va faire 15 degrés. Par la fenêtre, il neige toujours. Je ris jaune. 

Avec ce putain de dérèglement climatique, trouver une tenue pour aller bosser quand c'est verglacé et enneigé le matin, puis le printemps après le déjeuner, ça va devenir mission impossible.



38 commentaires:

  1. DOMINIQUE1/3/18

    Alors, dans les Bouches du Rhône, nada, rien, que pouic. Pas un flocon. Même pas une goutte de pluie.
    Par contre, il m'est arrivé d'être coincée dans le périphérique de Toulouse pendant des heures. Pipi entre les camions (la crue de la Garonne, c'est moi), et le chauffeur qui aurait pu me voir a détourné la tête quand je lui ai expliqué par gestes ce que j'allais faire. Le choupinou.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Denis 21/3/18

      En somme un choupinou qui tourne la tête pour ne pas voir une choupinette :-)

      Supprimer
    2. DOMINIQUE1/3/18

      Denis 2, à mon avis, j'étais en pantalon, c'était plutôt pour ne pas voir mon cul ! Que j'espère choupinet.

      Supprimer
    3. Denis 22/3/18

      DOMINIQUE, le mot choupinette, comment dire ? C'est ... Hum ... Un synonyme pour designer la wouachacha quoi ... :-)

      Supprimer
    4. Voilà voilà. Denis, tu m'as fait rire !

      Supprimer
  2. Chris (aka Paquita Chocolatera)1/3/18

    L'autoroute et la neige ou quand une voie de circulation rapide se transforme en nasse ! A Béziers hier, mon gendarme de frère a passé une partie de la journée et de la nuit "à ranger des camions" comme il dit. Quant à la tenue du jour, vu qu'il a neigé cette nuit en région parisienne, je vais me la jouer élégante emmitoufée et joliment chaussée de ses vieux croquenots de randonnée tout pourris ! ;-D

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Au moins dans le Gers, on est peinard : AUCUNE autoroutes sur tout le territoire... (si si, c'est possible)

      Supprimer
    2. Ouais mais qu'est-ce qu'il y a comme collines !

      Supprimer
  3. Ce n'est pas uniquement un jour sans fin, c'est aussi une journée de merde… Il a neigé à Paris cette nuit et ça a tenu, rien d'étonnant, pas vu de température au-dessus de zéro depuis lundi. Saleté d'hiver.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le printemps sera bientôt là. Aie confiance.

      Supprimer
  4. Kaylee1/3/18

    Oh que je compatis à ce que tu as vécu hier...
    A Nîmes il est tombé environ 8 cm, et hier, retraitée bien au chaud avec un bouquin sur mon canapé avec mon plaid et mon litre de thé, je pensais à toutes ces années au cours desquelles je devais faire 80 kms par jour pour aller travailler, et je pensais stupidement : "maintenant, avec ma voiture 3 portes, comment je ferais pour faire pipi entre 2 portes si j'étais coincée sur l'Autoroute ?". Quand je travaillais, j'avais une 5 portes et oui, ça m'est arrivé de faire pipi entre mes 2 portes.
    Donc je comprends ton envie de pleurer et puis le soupir d'aise que tu as dû pousser avec ton bol de soupe en riant jaune.
    Pense à ton Amoureux que tu vas retrouver ce soir :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai bien ri ! Faire pipi entre 2 portes quand on en a qu'une, forcément, c'est plus compliqué ;-)

      Supprimer
  5. Reine1/3/18

    J'adore la chute du post....moi qui ait vécu en Irlande , c'était un peu ça, la question : comment s'habiller? car tu avais parfois les 4 saisons dans la même journée : gel, pluie, soleil ....je finissais par faire comme tous le monde: multiplier les couches , et garder l'intégralité de ma garde robe dans l'armoire .
    Ce matin, neige sur Paris , pour la 2ème fois en 1 semaine. Mes plantes ne vont pas survivre , je crois, et Mireille, pas folle, observe tout ça de la fenêtre, et ne demande pas à sortir dans la cour.
    Du coup j'ai pris deux jours off (petit bichon est là) et on va coocooner en famille, en se disant qu'on a bien de la chance d'être au chaud .
    Bises fraîches à toutes !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ça fait trois ans que je demande à mon Chef d'installer un dressing dans le bureau mais y'a rien à faire ;-)

      Supprimer
  6. J'aimerais bien savoir quel est cet hôtel gersois à la chambre très vintage et au pavé patinoire ;) !
    Il y a dans le Gers de très jolies et confortables chambres d'hôtes, j'en connais une en particulier, à 12 min. de ton point de chute ;)
    C'est joli la neige, mais pas très pratique pour aller bosser quand on n'est pas équipé. Hier j'ai fait demi-tour après 7 km en seconde et à 30 km/h, et puis je n'ai pas pu remonter la côte... Bzuit bzuit bzuiiiit ont fait les pneus dans la neige...
    Et finalement, c'était chouette cette matinée à la maison, avec une lumière extralucide (ouais, si je veux). Je suis repartie au bureau en début d'après-midi sans trop de difficulté, et en comptant les voitures dans les fossés.............

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On était malheureusement trop nombreux pour la chambre d'hôtes ;-) Mais si un jour j'y retourne en plus petit comité, avec plaisir !

      Supprimer
  7. Smouik1/3/18

    La neige, c'est super, jusqu'à ce que tu trouves coincé.e dans un truc inextricable... Et dans ces cas-là, je peux pardonner au maladroit, à celui qui sait pas, mais celui qui veut niquer tout le monde, j'ai juste envie de le buter (et qu'il meurt dans d'atroces souffrances)...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je te passe le fait en plus le fait qu'il sorte de sa voiture avec de grands gestes des bras pour gueuler qu'on ne le laisse pas passer...

      Supprimer
    2. Smouik2/3/18

      Là, je lui pète les genoux avant de l'achever...

      Supprimer
  8. Oui, à Paris il neige mais les transports en commun marchent à peu près et je peux mettre mes docks et mes chaussettes en laine pour aller bosser, cela me déculpabilise de les avoir achetées (moi trop vieille, elles trop chères) alors tout va bien. Bon courage à toutes!

    RépondreSupprimer
  9. Anonyme1/3/18

    Un pipi qui a eu les honneurs du HuffingtonPost ��

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, hein ? Comme quoi, ça tient à peu de choses...

      Supprimer
  10. j'ai beaucoup rigolé à la lecture de votre billet, même pleuré...de rire ! belle conteuse ;)
    bravo pour votre bonne humeur communicative.

    RépondreSupprimer
  11. Comme diraient les anciens, y'a plus d'saison ma bonne dame ! lol

    RépondreSupprimer
  12. Bravo pour ton récit drôlissime la waouchacha je ne connaissais pas. Alors aujourd'hui dans le Doubs réveil matinal avec la neige,d habitude c'est géré de main de maître mais là grand bazar! Et ce soir pluie verglaçante danse sur glace à rendre jaloux nos médaillés olympiques. Enfin la maison est en vue je finis la montée à pied après plusieurs essais. Le printemps on en parle toujours pas en Franche Comté. Bonne soirée

    RépondreSupprimer
  13. Mercredi matin, il y a 10 jours, comme tous les jours, à 6h, je pars à pieds à la gare, 20 mn de marche matin et soir, ça n'est pas du luxe, ils le disent "manger-bouger", et puis l'air vif, les rues calmes, j'aime bien.

    Pas de neige ni verglas comme les jours précédents, je marche tranquillement, en chaussures de marche (à partir d'un certain age, le confort est essentiel dans le choix des chaussures..), les voitures sont gelées,les travailleurs matinaux les grattent. J'évite une bande blanche sur un passage piéton, elles sont sournoisement glissantes. Le pied droit dévisse, je tombe à genoux, le genou droit morfles (ma vieille, les couronnes aux genoux, à ton age...), la cheville gauche tourne, moi aussi sans doute, je me retrouve sur les coudes, sur le dos pour protéger la tête. Une voiture passe, doucement, il regarde mais ne s'arrête pas, pauvre con.

    M'en fous, je suis fière, la douleur me porte au coeur, je rentre chez moi (putain c'est long le chemin inverse, j'ai mis 5 mn à l'aller). Je me change de jean (le jean déchiré, à mon age....). Rien n'est gonflé, je demande à chéri de m'emmener en voiture à la gare (zut, manger pas bouger aujourd'hui), vais aller bosser. Au boulot, ah tiens ça à gonglé.

    Déclaration d'AT, Uber jusqu'aux urgences de l'hopital le plus proche de chez moi, dans me tête "fracture de la malléole" (juste entendu parler une ou deux fois mais sonne mieux que "me suis pété un truc en me vautrant comment une bouse sur le trottoir"..

    J'appelle chéri, en congé, et en fille organisée "tu peux me retrouver aux urgences, avec un livre (statistiques perso d'ex d'un mari bricoleur et de mère de deux casse-cous, 6/7h), et le jean déchiré (la fille organisée qui ne veut pas qu'on déchire le neuf pour la plâtrer, au cas où....).

    Record battu (allo Guinness), 1h10 aux urgences, pour une fracture de la malléole c'est pas mal non ? un premier plâtre à 54 ans, ça s'arrose ou non ?

    Je suis la reine des déplacements sur béquilles et fauteuil dactylo à roulettes (important, avoir des chaussettes épaisses anti-dérapantes pour le pied valide), je fais plein de choses, je vais rebaptiser le blog "la cuisine du héron, que des recettes que tu peux faire sur une jambe" (demain ragoût de poisson de mare aux graines, je sens le franc succès), je rattrape mes lectures en retard, je surfe, je regarde mon plâtre avec bienveillance, j'avais envie de me poser, me reposer (sans me vautrer), il me permet tout cela, et de te lire, de commenter.

    Foutu dérèglement climatique enfin non, temps de saison en même temps, c'est un petit 40° à l'ombre qui serait grave.

    Bon je vais faire mon ragoût.

    Bon week-end à toi, à toutes, faites gaffe aux trottoirs.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ma pauvre !!! Trop pas d'la chance... sauf pour le repos forcé. J'espère que tu prends ton mal en patience. Vas-tu devoir faire de la rééducation ?

      Supprimer
    2. Merci. Il paraît mais tu sais, ça n'est pas très grave, je suis quelqu'un qui sait globalement s'occuper (avantage d'être fille unique, on a du développer des ressources) donc du coup...ça va. J'en saurai plus mercredi.

      Supprimer
  14. Pauline3/3/18

    https://www.pissedebout.fr/
    Trèèèès pratique dans les cas où on n'a pas franchement envie de se désaper ou pour les wc à la turque, ou a l'hygiène douteuse, pour profiter des arbres comme ces messieurs...bref, utile! ��

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'en ai déjà entendu parler mais franchement... j'ose pas.

      Supprimer
  15. DOMINIQUE3/3/18

    Oublié de te dire que la photo de la cour de ta bicoquillette, on la dirait extraite d'un conte de noël. Adorable.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et encore, j'ai pas réussi à prendre Moumine avec ses petites boules de neige au bout des poils ;-)

      Supprimer
  16. Comment dire ? Tu devrais voir les Louisiannais quand il neige... Une fois tous les 30 ans... heureusement on a beaucoup de truck en 4x4...

    RépondreSupprimer
  17. Fredauboulot21/3/18

    Le mardi où il a neigé à Paris, j’ai mis 5h20 pour rentrer à la maison (35km) mais comme toi, j’étais soulagée car j’étais rentrée et sans aucun bobo.

    RépondreSupprimer