Tu vas me détester, là tout de suite

Aujourd'hui, ce soir, ou peut-être demain, en fonction de ton heure de lecture, tu vas me détester. Sur le moment, tu vas dire au choix, si tu es une bonne amie, une âme charitable, quelqu'un de pas trop envieux "je suis super content(e) pour toi, tu as beaucoup de chance" (ou "trop d'la chance !" si tu es un d'jeuns. Des fois je dis aussi trop d'la chance, remarque. Bon, dis ce que tu veux). 

Ou, second choix, "encore ! mais t'y vas tous les ans, qu'est-ce que tu vas y faire une fois de plus ?", si tu es une grosse jalouse.

Qu'est-ce qu'on peut faire plusieurs fois avec grand plaisir ? La visite chez le dentiste, évidemment. C'est chouette, non ?

Hein, mais quel sens de l'humour, je suis à fond là. Je soupçonne les antibiotiques d'agir sur mon sens de la répartie plus que sur mon otite. Et moins que sur la putain de mycose qui est en train de m'attaquer la ouachacha.

Homme, si tu es ici et que tu lis, tu peux sortir ?

Copine, crois-moi, les mecs qui rédigent les Effets indésirables sur les notices des médicaments (ce ne peut être que des mecs), ce sont tous des gros menteurs. J'ai tout relu deux fois le papier plié en soixante-douze plis que jamais tu le remets correctement et qu'il finit toujours au mieux en boule au fond de la boite, qui ne veut plus fermer, saloperie, ou au pire à la poubelle. Et nulle part il n'est écrit "te colle la chatte en chou-fleur". Même écrit avec des mots de notices médicales. Et pourtant, ça ne peut être que les médocs, si c'était l'abus de binouze, ça fait bien longtemps que je m'en serais aperçue.

Voilàààà,.... Les garçons peuvent revenir !

Donc, pas du tout le dentiste (j'ai une fâcheuse tendance à dévier radicalement du sujet de départ...). Dans un mois tout pile, je serai à London. Ouais, encore. Ouais, trop d'la chance.

Chouchou m'a gentiment proposé de me joindre à lui, vu que le billet était à 40 euros. Pas parce que ma présence pourrait être sympa, intéressante, douce à ses yeux, c'est juste une question de tarif. Enfin, j'me comprends. Mais comme je suis complètement vénale et que je m'en tamponne du romantisme, j'ai dit oui.

Lui, il goes to The London Tatoo Convention, pour la deuxième année consécutive. C'est une sorte de rassemblement de population particulièrement sensible à l'art pictural sur son soi-même. Où je ne vais pas foutre les pieds, parce que j'en fous. Déjà que mes Cosmos et Marie-Claire partagent le coin lecture des chiottes avec ses magazines spécialisés dans le tatouage (y'a des trucs de malade, je sais pas si tu connais ? Essaye un jour de feuilleter Rize ou Tatoo Life, tu vas halluciner). J'ai rien contre le tatouage, Chouchou est assez bien pourvu en la matière, mais bon, sans plus. Comme si je lui proposais de passer la journée chez M.A.C. ou Make Up For Ever, il n'a rien contre le maquillage, mais bon, chacun son truc.

Donc tu as compris d'ores et déjà le but de mon voyage, as far as I am concerned (il faut que je bosse mon fluent) : shopping. Of course. What else ? Les visites ? Attends, j'en ai déjà fait plein. Enfin, les trucs principaux. Bon, quelques unes. Mais moi, j'adore les boutiques. D'autant qu'à London, des boutiques de grosses, y'en a un max, et pas qui vendent des fringues de mémés. Des boutiques qui vendent des fringues qui tuent sa mémé et qui déchirent sa race.

Sauf que.

Sauf que what ?

Sauf que Crapaud-poilu vient aussi. Ben oui, on a un gosse, on ne l'abandonne pas tout le temps, quand même. Et trop d'la balle, Londres ! qu'il a dit. Et là, dilemme. Comme il s'est déjà farci la convention l'année dernière, peut-être qu'il va préférer rester avec moi, pour visiter. Adieu shopping, bonjour National Gallery. C'est pas très grave, j'aime bien trainasser les peintures dans les musées aussi. Et puis j'ai l'impression de prendre un bain de culture et ça fait pas de mal, des fois.

Oui, mais bon, shopping quoi.

Il va falloir que j'établisse un plan de combat, avec excuses super béton, solutions de repli, tractations de dernière minute pour réussir à concilier le tout. Surtout que j'ai décidé que je ne dépenserai RIEN jusque là, pour garder mes sous pour les British et leurs boutiques. Ce serait con de craquer si près du buffet.

Je doute que Crapaud-poilu me suive pour porter les paquets, ça va vite le gaver. J'ai un mois pour réfléchir. Et comme je suis une bonne mère (des fois), je vais essayer aussi de lui faire plaisir. Peut-être. Faut voir.

En haut, la photo c'est  Neal yard, un très joli coin près de Covent Garden. Photo qui date du voyage de y'a deux ans.