Non, mais t'as cru qu'la vie c'était un kiwi ?!

La question-titre est à poser sur un ton légèrement désabusé, carrément moqueur, à la limite de l'exaspération, tu sais, ce ton que peut employer l'adolescent lorsque tu lui demandes quelque chose. Un peu le même ton qu'il emploierait pour dire "t'as vu la vierge !".

"T'as cru qu'la vie c'était un kiwi ?" is the new "t'as vu la vierge". Ça t'en bouche un coin là tout de suite. Cette sentence m'a été assénée par Crapaud-poilu il y a quelques semaines lorsque je lui ai gentiment proposé (ordonné, imposé, bon, joue pas sur les mots) de tondre la pelouse du jardin. Il m'a répondu ça, l'air à la fois goguenard et inquiet de ma réaction, comme s'il savait qu'il avait poussé le bouchon un peu trop loin (Maurice) ; réaction qui s'est avérée être basiquement "Hein ?" parce que je n'avais pas trop compris sur le moment. Ok, c'est bon, je suis pas tout le temps au top non plus.

J'ai bien entendu repris mes esprits instantanément et il s'en est suivi un "ta vie à toi, par contre, ça va vraiment pas être un kiwi si tu fais pas ce que je te demande". Merde, c'est qui le chef ici ?

Heureusement que Crapaud-poilu n'est pas un sale gosse et qu'il craint encore quand même un peu sa mère quand elle devient toute rouge avec l'oeil mauvais et la bave aux lèvres. Non, y'a pas de photo, cherche pas. Il a obtempéré et j'ai pu poser mon gros pouf dehors, sur le gazon rasé de près.

Et depuis, je me pose la question "est-ce que je crois que la vie, c'est un kiwi ?". Nan, mais je sais que ce n'est pas vraiment une question qui mérite une réponse. Nan, mais j'ai compris que c'était une phrase, comme ça, pour faire un joke. Oui, mais maintenant que la question est posée, faut y aller.

Donc je dirai que ça dépend des jours, en fait.

Non, je ne crois pas que la vie c'est un kiwi quand je me rends compte que la sublime robe que j'ai achetée en solde il y a un mois n'a pas encore quitté mon dressing. Deux raisons pas kiwi du tout : météo, pluie, dégueulasse, bla-bla-bla, on en a déjà parlé plein de fois. Et un léger problème d’embonpoint soudain qui fait que mes bourrelets sont encore plus visibles habillée que quand je suis à poil.

La vie, c'est pas un kiwi quand la douleur de l'oreille droite s'est transmise à l'oreille gauche, sa race. D'où t'as vu maintenant que dans le corps humain les oreilles communiquent entre elles ? Y'a un tuyau caché quelque part ? N'importe quoi. Ou alors, je suis mutante et je ne le sais pas encore. X-men, I'm coming. Wolverine, viens vite, je suis super prête là, tu vas m'aider à découvrir c'est quoi mon pouvoir... Humm Wolverine.... .... .... Oups, pardon, j'étais un peu partie. Sauf qu'à bien y réfléchir, la combinaison moulante des X-men va m'aller aussi si bien que la robe soldée. Pas kiwi, voir au-dessus.

Oui, mais... La vie, j'crois quand même que c'est un kiwi quand...

Je retrouve des gens que j'aime, après une interruption estivale et qu'on boit des coups ensemble après avoir joué de la musique (pas trop bien, cause que c'est la rentrée, tout ça et que le groove, il était encore en vacances, c'te grosse feignasse).

La vie c'est un kiwi quand ce matin, le ciel de pluie avait tellement de nuances, de nuages lisses, rebondis ou filandreux, d'espoir de soleil fugace, de trainées grises et ardoises que mes 30 minutes de route pour aller bosser m'ont fait l'effet d'être devant un tableau impressionniste.

La vie c'est un kiwi quand Adele chante cette hallucinante chanson qui me collent des larmes dans les cils aux premières notes de piano et que j'aime la bouffée d'émotion que ça me procure (là, les garçons doivent avoir du mal à saisir.... "Pourquoi tu pleures ?" "Je sais pas, c'est la chanson..." Regard en biais, incompréhension)

Et puis surtout, le gros kiwi de la journée, c'est que ce soir, c'est le week-end. Et ça, c'est vraiment kiwi.