Avenue de la Libération

Je trouve que le symbole est joli. J'aurais tout aussi bien pu habiter Rue des Myosotis ou des Bleuets, Avenue Jean-Jaurès ou du Général de Gaulle, Rue du Chat-qui-pète ou Impasse du Bois des Coucous, mais non, ce sera très probablement Avenue de la Libération.

Je crois bien que j'ai un peu flashé, après la première visite. Ensuite, j'ai pris peur... Maison assez grande quand même, du boulot à entreprendre, pas trop loin de mon travail, mais pas juste à côté non plus.

J'y suis retournée avec Crapaud-poilu. Il a hésité, a trouvé des points faibles. Oui, il y en a quelques-uns. Mais au bout du compte, il a dit "Elle est bien".
J'en ai rêvé la nuit, j'ai commencé à tirer des plans sur la comète et des traits sous les additions du financement.

Encore une visite, accompagnée par un copain qui s'y connait grave en rénovation et travaux. Y'a du boulot, mais rien d'insurmontable, faudra juste faire attention au budget...
J'en ai rêvé encore, j'ai eu une grosse boule dans le ventre.

J'en ai parlé à des copines qui m'ont fait remarquer que je disais déjà "ma" chambre et "mon escalier". Une d'elles m'a dit "Arrête de chercher bon sang, dans ta tête, c'est déjà celle-là"... Oui, je crois.

Refaire les comptes, encore.

Etre terrifiée parce que je ne me sens pas légitime pour ça : acheter une maison seule. J'ai eu plusieurs maisons, mais c'était toujours des projets à deux. Là, je ne pourrai compter que sur moi-même, tant pour l'assumer financièrement que pour faire des choix de peinture, de lavabo, d'épaisseur et de matériau pour le plan de travail. C'est à la fois un espace incroyable de possibilités (enfin de la peinture à paillettes dans ma chambre SI JE VEUX) (ou du papier peint) (ou du bois) (ou de la fausse fourrure léopard) et la sensation d'un tourbillon qui m'aspire vers le fond sans rien pour me retenir, sans guide, sans filet...

Je n'ai jamais repeint un mur, je n'ai jamais posé une plinthe et encore moins déplacé une cuisine. Mais j'ai décidé de ne pas avoir peur, parce que j'ai fait des choses certainement bien plus compliquées dans ma vie. Je vais aussi faire faire le plus compliqué, après tout, y'a des gens dont c'est le boulot. Pour le reste, j'apprendrai.
Et puis si, j'ai des gens autour de moi, prêts à me soutenir moralement, prêts à proposer leurs conseils, des amis, mon gosse, mon amoureux. Je ne suis pas toute seule.

Dimanche matin, j'ai envoyé un mail au vendeur avec une proposition légèrement inférieure au prix demandé. On a négocié un peu, on est tombés d'accord. J'ai dit oui.

Voilà.

Je vais devenir propriétaire d'une maison ancienne "pleine de charme" (enfin une fois que j'aurais TOUT repeint) (y compris les plafonds bleu roi) (si, je te jure), avec une jolie terrasse pour faire des barbecues et un olivier dont les feuilles oscillent avec le vent.

Je suis allée acheté quantité de magazines de déco, j'ai regardé une vidéo sur la pose à la taloche d'un enduit qui fait effet béton (comme ça a l'air trop facile) (le marketing, tout ça), je gave mon Pinterest d'inspirations variées...

Dans quelques mois, Avenue de la Libération, ce sera sûrement chez moi. 

Enfin chez le banquier pour les vingt prochaines années, mais on va pas s'arrêter à des détails.