Je vais et non plus Je veux

Je ne sais plus si c'est Smouik, un jour, qui l'avait formulé ainsi (sûrement) (Smouik est LA sagesse), mais cette nuit, alors que je me battais comme une diablesse contre des aigreurs gastriques tenaces (sooooo glam'), cette phrase qu'elle avait dû laisser dans un commentaire un jour est revenue d'un coup.

Jusqu'à présent, quand je formulais un souhait, un vœu, n'importe quelle incantation, je démarrais par "Faites que..." 

Ne me demande pas à qui je m'adressais, je ne le sais pas moi-même. Pas à Dieu (avec un grand D), mais plutôt à un genre d'instance supérieure, au destin, au Grand Tout qui prend ses quartiers d'été dans le Grand Rien.

Faites que mon fils soit heureux

Faites que nous soyons en bonne santé

Faites que je puisse divorcer rapidement

Faite que je rentre dans mon pantalon corail demain matin

Faites que je réussisse mon trait d'eye-liner

Faites que Lui m'aime encore et toujours

Des trucs de ce genre.

Après, j'ai trouvé que c'était faire reposer tout ça sur quelque chose d'intangible et puis, ça n'engageait pas beaucoup ma responsabilité. Si tout doit être décidé par le Destin, à quoi ça sert de se lever le matin ?

C'était au moment où la psy m'avait fait comprendre que dans mes relations avec les gens, et surtout dans la relation avec mon ex, l'échec venait en partie du fait que je ne savais pas formuler ce que je voulais (ou ne voulais pas).

Donc à chaque étoile filante ou à chaque fois qu'il était 22:22, j'ai commencé à dire "Je souhaite" ou "Je veux". Au moins, là, ça te pose ta bonne femme.

Je souhaite avoir un corps de déesse slave

Je veux trouver une maison

Je veux avoir la peau lisse et le cheveu brillant

Je souhaite que mon fils soit heureux

Je veux que Lui m'aime encore et toujours

Et donc un jour, Smouik (il me semble) (si c'est pas elle, merci de me dire si tu en es l'auteure), avait dû laisser un commentaire qui disait "Commence donc par JE VAIS plutôt que JE VEUX..."

Effectivement, la portée du souhait n'est pas du tout la même et l'engagement bien plus fort.

Quand tu dis "Je vais faire en sorte d'être en bonne santé", c'est pas pareil que "Faites que je sois en bonne santé". Ça veut dire à un moment que tu ne peux pas continuer à faire n'importe quoi avec ton corps et espérer que le Grand Destin répare tes conneries.

Quand tu dis "Je vais faire en sorte que mon fils soit heureux", tu vas tenter d'orienter certaines décisions et certains choix pour le mener à bien, à ton niveau, même si ta perception de son bonheur n'est pas nécessairement la sienne... Mais tu vas faire au mieux.

Quant tu dis "Je vais faire en sorte que Lui m'aime encore et toujours", tu vas réfléchir deux fois avant de dire un truc pas cool, avant d'enfiler un vêtement qu'il n'apprécie pas, et tu vas te sortir les doigts du cul pour que ta relation soit sans cesse un champ de pavots en fleurs (sauf si lui et toi aimez ça) (que tu aies les doigts dans le... bref).

Cette nuit, entre deux remontées acides, j'ai décidé que tous mes souhaits, du plus concon au plus sérieux, commenceraient par JE VAIS.

Par exemple "Je vais gagner au Loto".

Tu vois Loto, je suis impliquée, je me sens concernée donc... Y'a pas de raison que ça marche pas !

Bon après, je suis bien consciente que ça ne peut pas marcher pour tout.

"Je vais maîtriser la téléportation" a moins de chance de fonctionner que "Je souhaiterais me téléporter où je veux en instant".

Faut pas non plus délirer, hein.

Voilà, je te remercie d'avoir lu cette parenthèse philosophico-spirituelle du mardi, sans doute générée par un dîner un peu trop copieux et bien arrosé. Et des remontées acides, donc.