Alors, il serait peut-être temps que je vous raconte ces petits jours à Séville ! Quelques instantanés de ces jours ensoleillés (yeah !!), emprunts de solennité pour cause de Semana Santa et de gourmandises à base de tapas y media raciones.
Les billets avaient été pris à un tarif défiant toute concurrence lors du black friday et la réservation d'un appartement sur Air BnB dans la foulée, appartement fort bien situé et équipé dans lequel pourtant, nous n'avons fait que passer, soucieux de profiter à fond de l'air tiède du printemps andalou.
Il serait sans doute un peu fastidieux pour toi comme pour moi de faire un minute par minute, je vais plutôt te donner, comme souvent, un top 5 de ce que j'ai trop kiffé sur place, sans que l'ordre proposé ne reflète une quelconque préférence.
#1 - La Semana Santa
Je te jure que je n'ai pas fait exprès. Lorsque j'ai pris les billets, j'ai pas du tout tilté que c'était le weekend de Pâques. Bien nous en a pris (malgré le coût multiplié par 2 de l'hébergement...), car avoir pu assister à ces processions restera un truc incroyable.
Le samedi soir, après avoir déposé nos sacs à l'appart', nous sommes partis dans les rues à la recherche des endroits où on pourrait voir les cofradías. Bon, on n'a pas cherché longtemps, on s'est contenté de suivre la foule composée de jeunes, de vieux, de familles avec des poussettes, d'adolescents. On avait l'impression que la ville entière s'était donnée rendez-vous. Je crois que c'était le cas. Le soir, à la tombée de la nuit, on a suivi le son des tambours et des trompettes et on a commencé à apercevoir les chapeaux pointus des pénitents. Et puis au détour de la cathédrale, de loin, cerné par la foule, le premier des autels porté par les hommes.
De l'or, des fleurs, des cierges, des tissus richement brodés... une débauche de luxe contrastant avec le visage solennel des accompagnants. Au passage du paso, la foule entière se tait, certains se signent, pas tous.
J'ai l'impression d'être une bouseuse avec mon jean et mes baskets, alors que l'ensemble de la foule est sur son 31. Tous les hommes, de 5 à 80 ans portent des costumes et des cravates, les femmes sont extrêmement élégantes... Je hisse mon appareil photo comme je peux au-dessus de la foule, regrettant de n'avoir pas un meilleur point de vue.
Dimanche matin, dans un autre quartier, on avise des centaines de chaises de bois longeant l'avenue, une charmante dame m'indique que je peux prendre place, que c'est libre d'accès, ce qui n'était pas le cas la veille où les places étaient payantes et fermement surveillées.
On prend place, entourés par un jeune couple, un papa avec ses enfants, des ados, des mamies envisonnées alors qu'il fait 20 degrés ;-)
On attend de loin la musique... C'est curieux ces sonorités de bandas et de ferias, jouant une musique solennelle... J'ai fort envie de taper des mains, mon amoureux me fait les gros yeux, c'est pas du tout le lieu ni le moment.
Les cortèges avancent lentement, très lentement. Au passage de l'un d'eux, on voit dépasser les pieds des porteurs sous l'avant de l'autel, on compte, il doit y avoir là-dessous environ 40 bonhommes, guidés à l'extérieur par un officiant en civil qui leur indique quand poser, quand avancer et quand se reposer.
Le soleil fait reluire les ors et le pierreries, le silence de la foule, la musique sonore, nous sommes cernés par l'odeur de l'encens et de la cire chaude. C'est très impressionnant...
#2 - La ville
On l'a arpentée à pied et je dois dire que j'ai été charmée. Tous les quartiers que nous avons découverts sont plus jolis les uns que les autres, un mélange heureux de couleurs chaudes, de fer forgé aux accents mauresques et de trottoirs carrelés. Des avenues immenses avec des bâtiments richement sculptés, des ruelles étroites tout aussi délicieuses. C'est beau, ça sent le sud... et la fleur d'oranger.
A Séville, au lieu des platanes, des hêtres ou des tilleuls, dans les rues de la ville, ce ne sont que des orangers qui, à cette époque, sont en pleine floraison. En fin de journée, dans l'air tiède du soir, le parfum exhalé m'a rappelé que la fleur d'oranger, ce n'est pas seulement un arôme dans une petite bouteille bleue que tu verses dans la pâte à crêpes, c'est quelque chose de réel. A chaque inspiration, un sourire, à chaque inspiration, le souvenir de Ninou-ma-soeur et moi, dans la chambre chez nos grands-parents, avec ma grand-mère qui nous apportait dans une toute petite tasse, de l'eau tiède et sucrée avec de la fleur d'oranger, un doudou pour nous endormir...
#3 - Le salmorejo... et autres bouchées
Le premier soir, on s'est demandés ce que c'était que cette mixture veloutée couleur corail, que dégustait la jeune fille à côté de nous. On l'a revue plus tard, dans un autre resto (la mixture, pas la fille) et on s'est finalement décidés à la goûter le lendemain, aux abords du marché de Triana. Le salmorejo est une soupe froide typique de la région, onctueuse, à base de mie de pain, d'ail, de tomate et d'huile d'olive, servie avec des petits morceaux de jamón ibérico et d’œuf dur en petits morceaux. Un genre de gazpacho duquel on aurait ôté les concombres et les poivrons. C'est une tuerie. Déjà là, c'était un délice, alors imagine quand ce sera la pleine saison des tomates ! J'en ai pris une petite assiette à chacun de mes autres repas, c'est l'avantage en Espagne de pouvoir commander n'importe quel plat dans 2 ou 3 formats : version normale, version demi-portion et version tapa... Tu peux goûter plein de choses.
En revanche, les churros con chocolate, j'ai pas commandé la media-ración.
#4 - Le Real Alcazar
On avait pris nos billets à l'avance, bien avisés par les conseils de plusieurs d'entre-vous. Un billet coupe-file qui nous a permis d'entrer immédiatement dans le lieu où s'alignait déjà environ 1 heure 30 d'attente. On a filé direct dans les jardins, espérant pouvoir prendre des photos sans trop de monde. Bien nous en a pris, deux heures plus tard, c'était la foule des grands jours.
Le soleil faisait miroiter l'eau des fontaines omniprésentes, qu'elles soient en intérieur ou en extérieur. C'était apaisant, chatoyant, et puis quand même, ce sont les Jardins de Dorne ! (si tu es fan de Games of Thrones, tu comprendras).
Le palais est tout aussi magique, dans ce style particulier appelé mudéjar, mélange d'architecture arabe et chrétienne. La pierre sculptée et les moucharabiehs se côtoient dans les chapelles, les azulejos recouvrent les murs pour former des mosaïques colorées, on sent que chaque endroit cherche à conserver la fraîcheur dans la chaleur qui doit être écrasante l'été.
C'était absolument magnifique.
#5 - Hablar español
C'est ma LV2. J'adore cette langue que malheureusement, je ne pratique quasiment plus. Lorsque j'ai terminé mes études, je crois que je parlais quasiment mieux l'espagnol que l'anglais. C'était y'a longtemps ! Aujourd'hui, je cherche mes mots, je ne parle qu'au présent (oubliées les autres conjugaisons), mais tu sais quoi ? Ça revient vite !
Le vocabulaire revient, des verbes, même irréguliers, et surtout la possibilité de me faire comprendre même si ça trébuche parfois. J'ai toutefois regretté que les serveurs des restaurants m'apportent systématiquement une carte en français ou en anglais.
Qu'importe, je la réclamais en espagnol ;-)
Bon ok, tenir une conversation entière serait sans doute problématique, mais commander dos cafés americanos y un montadito de jamón y queso, tostado, ça le fait.
Y también, se puede añadir mas agua en uno de los dos, por favor ?
Muchas gracias.
Merci pour ce joli petit voyage qui donne envie de soleil, de tomates, de jambon cru et d'odeurs de fleurs d'oranger… :)
RépondreSupprimerBisous !
Il faut y croire, il reviendra le soleil !
SupprimerMagie des images, je me retrouve, il y a quelques années en arrière. Partis 15 jours pour Séville, Grenade et Cordoue. Magique. Je me souviens aussi de nos assiettes, colorées et d'un bar à Gin à Grenade, dans lequel nous avions perdu la notion du temps. D'ailleurs, depuis, on boit du Gin à la maison.
RépondreSupprimerMais je n'ai pas l'appareil à churros, c'est bien dommage.
Le Gin en Espagne, c'est une institution. Dans le premier bar dans lequel nous sommes allés, il y en avait au moins 20 différents :-)
SupprimerMe revoilà en novembre dernier dans la douceur sévillane ! Tu notes l'élégance des sévillanes, c'est je crois une constante, elles sont toujours tirées à 4 épingles.
RépondreSupprimerJe rêve de voir une procession de la Semaine Sainte. A Perpignan, si j'y suis à l'occasion du Vendredi Saint, je ne manque pas d'aller voir la Procession dans les rues de la ville, un peu plus sobre que celle de Séville mais très impressionnante.
Ah le salmorejo et le chocolate con churros ! Quels délices !
J'y retournerai à Séville, c'est certain !
ça me rappelle tellement de souvenirs ! J'y suis allée en 2009 car ma soeur était en Erasmus. tombée aussi pendant la semaine Sainte, tout à fait par hasard. Au première loge à l'appart que ma soeur louait... Je ne suis pas croyante, mais j'avoue avoir été impressionnée et émue par tout ça. Il faut le vivre une fois dans sa vie.
RépondreSupprimerCe séjour était génial et je vois que toi aussi tu as aimé
J'en ai rêvé des premières loges au balcon des appartements !
SupprimerPareil ! des souvenirs d'une vingtaine d'années reviennent à la surface... tiens, ça donne envie d'y retourner !
RépondreSupprimerJolies photos, douce ambiance, que du bonheur !
Bises
Mamina
Allez hop ! Fais tes valises !
SupprimerEn 2007, nous sommes aussi partis sur un coup de tête en Andalousie, pendant les vacances de Pâques. Je passais le balai dans la cuisine, j'étais épuisée, j'ai levé la tête et j'ai dit "si on partait quelques jours ?" Le lendemain, on était dans la voiture avec les filles (à l'époque on travaillait tous les deux à notre compte), on a traversé toute l'Espagne (on est à 1h30 de la frontera) en se relayant au volant, des dingos des dingos les cheveux au vent, dans ce désert qu'est l'Espagne par endroits, on était jeunes et fous fous quoi, poussiéreux comme dans un western...
RépondreSupprimerOn avait pris la tente et des matelas, et basta !
Comme toi, je n'avais pas tilté que c'était pendant la semana santa. Et nous, comment te dire ? On ne l'a pas du tout vécu de la même façon. Toute cette foule, cette ferveur autour de l'encens, ça n'est vraiment pas pour nous ! On a fui, ça je n'ai pas du tout du tout aimé.
Mais je garde de ces 10-12 jours de vacances totalement improvisées beaucoup de rires et de merveilles, me rappelle encore des petits mollets de notre cadette trottant trottant à travers les villes (Cordoue d'abord, et puis Séville et puis Grenade). On est souvent allé en vacances en Espagne, dans les coins les plus paumés possibles le plus souvent, parce que pour nous c'est facile, pas cher, et toujours joli (j'ai adoré les Asturies par exemple), on peut partir à Bilbao pour un week-end, c'est suffisamment dépaysant pour être reposant.
Qu'elle est jolie ton histoire d'eau de fleurs d'oranger. C'est aussi une de mes odeurs préférées, une de celles qui me ramènent aussi à l'enfance, avec celle des glycines.
L'espagnol, ça revient vite hein ?
As-tu regardé la série La Casa de Papel ? Rien que pour entendre parler (vite !) espagnol, c'est chouette (le suspense aussi)
J'ai attaqué la série hier soir ! C'est top !
Supprimerooooh mais ça a l'air drôlement bon, heu... bien, Séville :)
RépondreSupprimerEn tout cas, le récit que tu en fais est drôlement tentant.
Ces processions de semaine sainte sont toujours incroyables. Celle que j'ai vécue est celle du vendredi saint à Sartène en Corse avec le catenacciu, pénitent enchaîné et qui symbolise le Calvaire du Christ. Il y a une ferveur et une adhésion surprenantes.
Après, c'est question de goût...
En tout cas, une ville qui sent la fleur d'oranger, ça ne se refuse pas !
Je n'ai pas vu de pénitents enchainés, mais des gamins habillé en pénitents qui tentaient de voir quelque chose à travers les deux trois percé dans leur capuchon, tout en ayant l'air d'avoir chaud ;-)
SupprimerWow, ton compte-rendu donne follement envie d'aller à Séville pour la Semana Santa - ces processions sont incroyables. Puis-je t'avouer un truc ?
RépondreSupprimerDepuis que tu as lancé Semana Santa à la volée en partant, je ne peux plus m'empêcher de chanter la chanson de Dominique A - qui retranscrit bien l'atmosphère particulière de ces jours-là.
Oui, le parfum des orangers est envoûtant - dans l'air doux du printemps, ce doit être un vrai délice <3
Je suis allée écouter la chanson que je ne connaissais pas. Effectivement !
SupprimerTrès beau reportage.
RépondreSupprimerOdile
Merci Odile ;-)
SupprimerA Malaga , l'apéro trendy du moment c'est le vermouth /tranche d'orange , même chose à Séville?
RépondreSupprimerC'est trendy dans toute l'Espagne, Catalogne comprise. On le sert à la tirette (suis pas certaine du terme). Et c boooon.
SupprimerJ'ai vu une procession à Madrid le jour des Rameaux. La ferveur religieuse m'angoisse un peu, en plus la fanfare qui suivait était militaire : gloups.
Donc Séville oui mais hors semaine sainte.
Tu donnes vraiment envie. Même si je l'avoue, j'ai des listes d'envie d'escapades longues comme le bras (j'ai pas le bras long pourtant).
RépondreSupprimerDans les restos libanais en fin de repas je commande toujours 'l'infusion' que t'apportait ta grand-mère. On appelle ça un café blanc.
Je ne connaissais pas ce terme, c'est fort fort joli
SupprimerJe ne connais pas l'Andalousie mais j'irai c'est sûr !
RépondreSupprimerLe salmorejo (J'en fais un délicieux...), les azulejos et le top: Parler espagnol !!! j'adore (parler espagnol, l'Espagne, le salmorejo, les tapas...)
Ayayayay mi rubia perezosa. Tu evoques ici tant de mes souvenirs : tapas, cerveza, gin tonic, chocolate con churros, azahar ... un abrazo.
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